mercredi 20 octobre 2010

Post-Matérialisme (2) Capitalisme, piège existentiel (fin)

Suite au précédent billet, voici la fin de l’article écrit par l’auteur du site Ploutopia au sujet du livre de Christian Arnsperger : Ethique de l’existence post-capitaliste auquel nous avons consacré trois billets.

Par rapport au modèle des Quatre Quadrants de Ken Wilber illustré dans le billet précédent, ce que l’auteur de l’article nomme ici Conscience correspond au Quadrant Supérieur Gauche, Chair au Quadrant Supérieur Droit, Culture au Quadrant Inférieur Gauche et Système au Quadrant Inférieur Droit.


Le Capitalisme, piège existentiel. Seconde partie.


Le Cycle des Quatre Quadrants

Pour en revenir aux Quatre Quadrants de Wilber, ce qui est important de noter c’est le cycle auto-validant et inter-validant de ceux-ci. A la base, c’est bien sûr la conscience qui crée et influence tout le reste. Par la suite, le reste - la culture, le système, notre âme et nos corps - influence notre conscience.

La culture capitaliste technoscientifique opère comme un cercle vicieux entre ces deux pôles. Notre conscience fait partie de l’ensemble, elle est enchâssée dans le système. Elle a été phagocytée par la méga-machine de notre ego. Rare sont ceux qui parviennent à faire la part des choses entre le conditionné et le conditionnant.

Ces Quatre Quadrants utilisent donc notre conscience pour former une boucle de renforcement mutuel qui nous bloque sur un plan horizontal. Toute l’énergie utilisée à l’adaptation ou la correction du système est perdue au détriment de l’élévation du plan horizontal à des niveaux de consciences supérieurs.

Système => Culture

Le système influence la culture. La rentabilité du capital engendre des croyances, des lois et des valeurs qui créent une culture capitaliste.

Système, Culture => Conscience

Ce système et cette culture capitaliste touchent la conscience en inculquant l’idéologie de la gagne, du travail et de la compétition pour se faire un nom, une réputation et, à l’extrême, donner un sens à sa vie. Plongé dans son système et sa culture capitaliste, l’individu se trouve comme un poisson dans l’eau. Il s’épanouit et s’affirme mais ignore, ou feint d’ignorer, ce qui se passe plus loin et/ou plus tard.

Conscience, Culture => Chair

La conscience comme la culture capitaliste touchent l’âme et le corps par des états cérébraux et des mécanismes métaboliques soutenant le principe d’accumulation du capital. La malbouffe et les états de dépendance alimentaires (café, alcool, cigarette) ou autres (jeux, drogues, télé, GSM, iPod) témoignent de cet esclavagisme du corps et de l’âme à la culture et à la conscience capitaliste.

Tous nos achats compulsifs démontrent cette dépendance avec éclat. Il en va de même pour nos comportements carnassiers et obsessionnels visant à gagner plus, à investir plus et à prendre des parts de marché toujours plus importantes. Ces pulsions obsessionnelles trouvent bien sûr un revers de médaille dans les multiples troubles sanitaires de notre société.
Troubles qui se traduisent aussi bien au niveau somatique (digestion, boulimie, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc.) que psychologique (stress, anxiété, suicides). A force d’achats et de comportements compulsifs, nous ignorons non seulement les limites planétaires mais aussi nos propres limites corporelles et intellectuelles.

Chair, Conscience => Système, Culture

Nos cerveaux et nos corps capitalistes créent enfin des conceptions et des mécanismes institutionnels qui poussent à cette production – consommation et à cette idéologie du gain. Marchés et mécanisme de commandement se mettent alors en place pour encore et toujours la même rengaine de maximisation du capital.

La boucle est bouclée. Pour en sortir, il faut être conscient du piège et de nos interactions avec celui-ci. Il faut ensuite tenter de se dégager de cette logique par des pratiques de « méditation » et par des expérimentations collectives de nouveaux modes de vie, de nouvelles façons ou manières d'ÊTRE au monde.


Le militantisme existentiel

D’un point de vue concret, le travail sur soi est la Voie. Simplicité, frugalité, décroissance, autocritique et spiritualité (sens de la vie) sont les clés de sortie du labyrinthe capitaliste. Relocalisation et démocratisation (travail, écologie, monnaie) tombent alors sous le sens. C'est ça le changement de paradigme. C'est ça le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas.

C’est ce que Christian ARNSPERGER appelle le « militantisme existentiel » ou encore « l’acceptation critique ». Être bien conscient que nous faisons partie intégrante d’une culture, d’un système et d’une conscience capitaliste dont nous sommes responsables et dont il est essentiel de sortir si nous ne voulons pas éteindre la flamme (de Vie, de Conscience, de Divin). Cependant, et de manière assez magistrale, se voulant à elle-même, poussée jusque dans ses derniers retranchements, cette flamme est capable du pire comme du meilleur.

Intrigué par le socialisme soviétique qu’il voyait user de violence, de manipulation et de mensonge, Gandhi se disait partisan d’un socialisme « pur comme le cristal » requérant par conséquent le courage de méthodes « d’une pureté cristalline (…) car les moyens impurs dénigrent le but et mènent la cause à sa ruine ». La sociale démocratie verte n’est-elle pas le pâle reflet du socialisme soviétique ?

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