samedi 26 février 2011

Hommes et Dieux

On connaît cette fameuse prophétie de Malraux selon laquelle : « Le vingt et unième siècle sera spirituel ou ne sera pas». Parmi les nombreux indices qui semblent lui donner raison, il faut noter ce phénomène de société qu’est devenu le film de Xavier Beauvois : Des Hommes et des Dieux.

Plus que le film lui-même qui, après le Grand Prix du Festival de Cannes, vient de recevoir trois Césars dont celui du meilleur film de l'année, c’est son succès public qui en fait un phénomène de société. Un phénomène qui – au plus près de son étymologie – met en lumière les valeurs dans lesquelles se projette la frange la plus éclairée et la plus évoluée de la conscience collective à l'aube du XXIème siècle.
Dans un monde en crise où règne le conformisme et la compétition, le profit et le matérialisme, ces valeurs émergentes sont celles de la résistance et de la solidarité, du don et de la spiritualité.

Résistance illustrée par un groupe d’hommes réfractaires aux pressions du terrorisme fanatique comme à celles du conformisme social. Solidarité illustrée par les liens fraternels vécus au sein d’une vie communautaire et par les liens tissés entre cette communauté et son milieu social.
Don illustré par une vie de service tournée vers toutes les formes de l'altérité : celle des autres hommes comme celle de la transcendance, et ce, dans une joyeuse frugalité. Spiritualité illustrée par une vie sacralisée à travers la rencontre - rituelle ou individuelle - entre hommes et dieux.



Si dans son film, Xavier Beauvois utilise les codes de la religion chrétienne comme un support d'expression à sa vision créatrice , il est bien évident que la spiritualité du XXI ème siècle inventera ses propres formes d’expression assez éloignées de celles des siècles passés.

Dans un documentaire intitulé Paroles d’Hommes, dont voici un extrait ci-dessous, Arnaud Peuch propose une série d’entretiens avec trois maîtres spirituels contemporains : Arnaud Desjardins, Lee Lozowick et Stephen Jourdain.

Ces sages développent un point de vue contemporain sur le spirituel qui est aussi un point de vue spirituel sur le monde contemporain. Ils répondent aux questions que nous nous posons sur les désordres du monde et sur la façon d’y faire face qui, selon eux, ne peut être que spirituelle.

Pour Arnaud Desjardins : « Si l’on entend uniquement dans le langage religieux : " l’homme est un être déchu par le péché originel" on entend que la moitié de la vérité. L’autre moitié c’est : nous portons en nous une possibilité de développement intrinsèque, intime, immense. » C'est cette possibilité de développement que va explorer la spiritualité du vingt et unième siècle.



Paroles D'Hommes
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Dans la perspective évolutionniste qui est la nôtre, la spiritualité du XXI ème siècle devra intégrer aussi bien les sagesses traditionnelles que l’humanisme moderne et le pluralisme post-moderne pour faire advenir une nouvelle vision : celle d’une spiritualité intégrale et non duelle - profondément poétique - qui perçoit la dynamique de l’évolution - non seulement biologique mais aussi psychique et cognitive, sociale et culturelle - comme la manifestation même de l’Esprit transcendant.

mercredi 23 février 2011

L'Enfantin et l'Infantile

Chaque vie humaine est un terrain de Je entre deux enfants : l’enfantaisie qui l’enchante et l’enfantôme qui la hante.
L'enfantaisie c'est l'innocence enfantine, née d'une relation immédiate et créatrice à l'autre et au monde.
L'enfantôme c'est la perversité infantile qui cherche à instrumentaliser l'autre pour satisfaire les fantasmes d'une toute puissance archaïque dont le rôle est de compenser un état de dépendance, absolu dans le cas du nourrisson et vital dans celui de l'enfant.
Ce qui transforme un enfant tout-puissant en adulte conscient et responsable c'est la reconnaissance de sa fragilité, de ses manques et de ses limitations. Cette reconnaissance passe par deux désillusions nécessaires.
La première, au moment de l'adolescence, où l’on comprend que son propre père n’est pas un dieu. La seconde au moment de la maturité où l’on comprend que Dieu, le Tout Puissant, est un papa de rechange sur lequel on projette, de manière idolâtre, ses fantasmes infantiles d’omniscience et d’omnipotence.
On quitte alors définitivement les rives archaïques du fétichisme, de l'idolâtrie et de la superstition pour entrer dans l'âge adulte : celui de l'angoisse qui conduit au questionnement, du manque qui aspire à la plénitude, de la ferveur qui naît de l'enthousiasme créateur et de la paix qui provient du lâcher prise.
La quête spirituelle peut alors commencer.
On devient véritablement adulte en distinguant la perversité infantile de l'innocence enfantine, en se libérant de l'emprise qu'une toute puissance archaïque exerce sur notre psyché et en intégrant l'innocence créatrice comme guide intérieur dans notre chemin d'évolution.
Car l'innocence enfantine est cette force de conversion intérieure capable de transfigurer poétiquement le monde, là où l'infantilisme est force de perversion qui réduit le monde et les autres à des objets au service de sa jouissance. Fixés de manière névrotique à l'état infantile, le pervers instrumentalise l'innocence pour satisfaire ses fantasmes de toute puissance.
C’est ainsi que notre société de consommation prend les airs innocents du bonheur publicitaire pour imposer son emprise mercantile. En manipulant les fantasmes archaïques, médias et publicité induisent une régression généralisée qui suscite une relation de dépendance/soumission à la marchandise.
Si beaucoup de personnes étouffent en eux la voix de l'enfant, c'est qu'elles ont peur d'affronter l'infantilisme archaïque qui la sous-tend. Ne sachant différencier l'enfantin et l'infantile, elles laissent mourir leur enfant intérieur en le privant de ces nourritures psychiques et spirituelles qui alimentent cet état de grâce qu'est l'innocence.
La confusion entre les dimensions de l'enfantin et de l'infantile est l'illustration, sur le plan de la psyché, de ce que Ken Wilber nomme, à un niveau plus général, l'erreur pré-trans qui est un des apports les plus importants de la théorie intégrale. L'erreur pré-trans est celle que l'on commet en confondant les états de conscience pré-personnels, ceux qui qui préexistent à l'émergence de la conscience personnelle et rationnelle, avec les états transpersonnels qui incluent et transcendent ces derniers.
Faute d'une cartographie précise des divers stades évolutifs de la conscience, on se met à confondre les états pré-personnels et transpersonnels au prétexte qu'ils sont situés, les uns et les autres, hors de la sphère des états de conscience individuels et rationnels considérés comme normaux dans notre culture. On peut alors réduire tous les états transpersonnels à des états pré-personnels, comme le font les freudiens, ou prendre, comme le font les jungiens, les états fusionnels pré-individuels pour des états transpersonnels.
Le modèle des stades évolutifs proposé par Ken Wilber est un large spectre pluridimensionnel composé d'états prépersonnels, personnels et transpersonnels. Il permet de distinguer ce qui est du domaine des fantasmes infantiles de l'enfantôme , liés aus stades pré-personnels, et ce qui est du domaine du génie inspiré de l'enfantaisie, lié aux stades transpersonnels.

dimanche 20 février 2011

Le Sens de la Vie

Il ne s’agit pas de donner un sens à la vie : elle en a déjà un depuis des milliards d’années. Il suffit simplement d'être à son écoute.
Pour retrouver en soi le sens de la vie, il faut participer - de manière intuitive - à la dynamique énergétique dont elle est l'expression. Cette participation intime de la sensibilité à l'énergie vitale nécessite de se débarrasser aussi bien des hantises qui lui font obstacle que des formes sclérosées de pensées et de comportements qui la détruisent.
En intégrant naturellement les éléments de son milieu, la vie devient conscience et la conscience devient esprit qui se développe sur la spirale de l'évolution à travers des stades croissants de complexité et d'élévation.
La vie nous est donnée, donnons-lui donc, en échange, cette attention subtile qui est la matrice où elle développera toutes ses potentialités créatrices.
C'est ainsi qu'en chacun d'entre nous s'éveille la force de l'Esprit qui se reconnaît de manière poétique dans l'infinie diversité des formes de la vie.

mercredi 16 février 2011

Comment l'entreprise élargie réenchante le monde ? (2)

Dans le cadre de la onzième journée de l’Université Intégrale qui aura lieu Samedi 19 Février sur le thème : « Vers une entreprise plus intégrale ? », nous proposons ci-dessous la suite de l’article de Michel Saloff-Coste, co-fondateur de l’Université Intégrale : « Comment l’entreprise élargie réenchante le monde ». A lire dans son intégralité sur le blog de l’Université Intégrale.

L’auteur y définit de manière synthétique les trois axes du contexte évolutif dans lequel se développe l’entreprise du 21ème siècle. Après avoir analysé dans la première partie du texte, l’axe de durabilité économique, sociale et écologique, il analyse, ci-dessous, l’axe de temporalité, courte, moyenne et longue et l’axe de profondeur qui touche aux dimensions rationnelles, émotionnelles et spirituelles.
Ces trois axes étant interdépendants : la question de la durabilité amène à se poser des questions de temporalité et à approfondir son questionnement au-delà d'une rationalité étroite.


Comment l’entreprise élargie réenchante le monde. Seconde partie. Michel Saloff Coste

L'axe de la temporalité : Courte, Moyenne, Longue

L'élargissement de la vision temporelle des entreprises amène naturellement le développement de la prospective. La prospective est une démarche de prévision et d’analyse des avenirs possibles. Le terme s'emploie souvent lorsqu'il s'appuie sur des recherches scientifiques variées et des données statistiques traduites en scenarii destinées à éclairer la réflexion pour des choix et prises de décisions stratégiques.

La fonction première de la prospective est de faciliter la prise de décision sur la base de scénarii intégrant les tendances de fond, mais aussi les signaux faibles qui pourraient modifier le cours des choses à court, moyen ou à long terme. L'individu ou le groupe ainsi éclairés peuvent rationaliser ou préciser leurs stratégies afin de moins subir les évènements pouvant être considérés comme les plus probables. L'exercice impose l'accès à un nombre suffisant de données pertinentes, parfois traduites en modèles ou simplement en courbes de tendance.

Il faut parler d'une démarche prospective car, une prospective efficace se fonde sur des ajustements et des corrections en boucles rétroactives dans le temps. La prise en compte de la prospective par les décisionnaires et différents acteurs de la société modifie elle-même le futur. L'entreprise à travers ce travail de prospective s'engage naturellement rationnellement mais aussi émotionnellement et spirituellement !

Un certain nombre d'entreprises d'avant-garde explore de nouvelles voies stratégiques créatives en "changeant de damier" afin d'échapper à la concurrence frontale induite par les logiques d'excellence mimétique.

Plus l'entreprise est créative et décalée par rapport au contexte, plus elle devient "idéologique" et d'une certaine manière "politique" et "spirituelle" parce qu'elle est porteuse alors d'une "autre" vision du monde. "TF1, Benetton, Habitat ou Nike sont des foyers d'idéologie plus proches, plus présents, plus actifs que la plupart des partis politiques. […] Leur premier métier n'est plus de produire de la valeur ajoutée, mais de dégager des valeurs capables de constituer une identité, de provoquer l'adhésion à cette identité, et de rassembler autour d'elles. Ces entreprises ont réalisé une double conversion exemplaire. Elles ont reconnu dans le produit et le service l'accessoire, dans le sens et les valeurs l'essentiel. Elles ont anticipé le triomphe de l'immatériel. Et elles ont, souvent sans le savoir, sans même le vouloir, compris que le profit découlerait du pouvoir idéologique". (Le management du troisième millénaire)


L’axe de la profondeur

C'est ce qui nous amène logiquement à l'axe de la profondeur : Rationnel, Emotionnel, Spirituel.

Il existe trois types d'intelligences relativement distinctes (Trouver son génie) :
1 - Niveau intellectuel formel. Logique binaire : oui ou non

2 - Niveau émotionnel turbulent. Logique intégrative : oui et non

3 - Niveau spirituel vide. Logique paradoxale : ni oui ni non

Du fait des nouveaux moyens de communication toutes les informations sont aujourd'hui accessibles. Dès lors, les méthodes stratégiques uniquement rationnelles qui appliquent des modes de traitements identiques aux mêmes informations risquent de produire les mêmes décisions stratégiques.

Seule une stratégie créative "profonde" qui ré-enchante le monde spirituellement, émotionnellement et rationnellement parce qu'elle fait appel à un authentique travail d'inspiration et de vision, peut créer de la valeur à court, moyen et long terme pour l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise : clients, actionnaires, fournisseurs, citoyens, planète.

La "stratégie créative en profondeur" est un moyen essentiel pour répondre de façon innovante aux enjeux d'un développement durable, écologique, socialement responsable et néanmoins économiquement rentable !

"La stratégie créative répond à la nécessité pour chaque entreprise de générer en permanence des alternatives non prévisibles et difficilement accessibles aux concurrents, résultats d'un regard inédit porté sur des informations accessibles à tous. Leur génération suppose des moyens importants d'écoute et de réaction pour traiter les signaux faibles de l'environnement, relayés par des moyens de simulation inédits. Cela nécessite des compétences nouvelles en sociologie et en psychologie pour compléter les compétences analytiques classiques et créer ainsi des opportunités de développement inimaginables."(Simon Free, in Les stratégies de la transformation dans L'art de la stratégie )
La stratégie de singularisation peut très bien jouer à la fois sur le principe de haut de gamme d'un produit de niche réservé à une clientèle de luxe et sur le principe d'abondance et de faible prix. Un bon exemple est Ikea qui mixe faible prix et design singulièrement prestigieux.

La singularité peut se manifester à travers les produits, les services et la communication qui les porte, mais certaines entreprises sont allées encore plus loin, en réinventant des business models très originaux et en rupture avec l'ensemble de leur industrie.


Les trois niveaux d'intelligence

La stratégie pour générer massivement de la valeur, décoller et échapper au piège concurrentiel du marché consiste à se distinguer par la création d'une singularité, cette singularité peut être plus ou moins "profonde" et fait appel à différents niveaux d'intelligence.

La manière la plus basique consiste à réaliser une percée scientifique ou technique et à protéger cette singularité rationnelle par un brevet. De manière plus subtile, les stratégies créatives par singularisation de la marque et de l'enseigne développent un univers sémantique (code, couleur, typographie) et émotionnel particulier qui capte et retient l'attention de la clientèle et manipule ses émotions et ses désirs. Plus subtilement encore, il s'agit d'interpeller le client sur le sens de sa vie et lui faire des propositions originales.

En l'espace d'un siècle, les logiques de singularisation sont devenues de plus en plus sophistiquées. Nous sommes passés, par exemple, dans le secteur de la communication, de l'annonce à la publicité, pour aller vers la communication globale. Il ne s'agit plus de fournir un produit ou même un service mais de faire vivre au client "une expérience transformationnelle qui convoque son identité et le fait renaître avec une conscience élargie du monde".

Dans ce contexte on peut distinguer trois niveaux d'intelligence et d'innovation qui s'emboîtent : la première dimension, que nous appelons "formelle", correspond à la dimension logique binaire "oui ou non" ; la deuxième dimension, que nous appelons 'turbulente", correspond à la logique intégrative "oui et non" ; la troisième dimension que nous appelons "vide", correspond à la logique paradoxale "ni oui, ni non".

Niveau intellectuel formel : logique binaire (oui ou non).
L'intelligence rationnelle formelle : (par exemple"1+1=2") est la base de notre compréhension logique. C'est la conscience incarnée dans la temporalité, qui manie plus ou moins le raisonnement systématique rationnel et discursif. La conscience formelle est celle que nous avons lorsque nous nous concentrons sur notre corps, nos sens et notre intellect. La réflexion scientifique est bonne gymnastique pour développer une conscience au niveau formel. On peut parler de "quotient intellectuel" QI pour cerner ce type d'intelligence.

Niveau affectif turbulent : logique intégrative (oui et non).
L'intelligence affective turbulente (par exemple "Je t'aime moi non plus") est la base de notre sensibilité à l'art. C'est la conscience qui s'ouvre au sentiment d'éternité qui nous envahit dans la contemplation artistique. C'est l'espace de l'émotion amoureuse. L'art est le moyen le plus généralement connu par lequel un individu développe et approfondit sa conscience du niveau turbulent. La conscience du niveau turbulent est celle des affects, des désirs et de la sensibilité. On peut parler de "quotient affectif" QA pour cerner ce type d'intelligence.

Niveau spirituel vide : logique paradoxale (ni oui ni non)
L'intelligence intuitive vide (par exemple "Dans la vallée de l'indicible s'inscrit le sommet de nos mots") est la base de notre intuition spirituelle. C'est la conscience qui s'ouvre à l'intemporalité. C'est l'espace de la méditation. La conscience du vide est celle de l'inspiration. On peut parler de "quotient spirituel" QS pour cerner ce type d'intelligence.


Spiritualité et idéalisme

Le génie de l'homme est inscrit dans sa dimension spirituelle, il s'exprime dans l'effusion délicate du cœur à travers l'art et vient féconder la raison pour renouveler la science. Chaque niveau d'intelligence demande du travail pour se cultiver et devenir vivant et porteur de sens. À chacun des niveaux existent des erreurs à éviter : s'enfermer totalement dans le formel, se perdre dans les circonvolutions du turbulent, projeter notre manque sur le vide.

Jacques Seguéla invoque le remplacement de la "copie stratégie" par la "star stratégie" pour l'élaboration de la communication par exemples des "lessives" qui non seulement lavent plus blanc mais peuvent aussi, grâce à la sémiologie, procurer des illuminations sémantiques aux clients des supermarchés. A ce propos, Thierry Gaudin, ancien Directeur du Centre de Prospective du Ministère de la Recherche, parle à juste titre de communication "hallucinogène".
Attention aux dérives ! L'idéologie et l'accent mis sur les valeurs peuvent conduire au totalitarisme. Et que dire lorsque le sens et les valeurs sont portés par un chef charismatique amené fatalement à s'éclipser de l'entreprise ? La singularité peut très vite se transformer en conformisme à l'intérieur de l'entreprise et provoquer des comportements sectaires. C'est au management qu'il incombe d'être vigilant sur les excès possibles.

Cependant nous pouvons bénéficier des lumières de la science sans pour autant nous réduire au matérialisme. Nous pouvons bénéficier des intuitions de la spiritualité sans pour autant planer dans l'idéalisme.

L'idéalisme est contraire à la vraie spiritualité parce qu'il est sous-tendu par l'exorbitante vanité de savoir ce qu'est "l'idéal" et donc de pouvoir en faire un objet. Nous ne sommes plus dès lors dans la "spiritualité" mais dans le fétichisme et Freud nous parle alors avec raison "d'infantilisme psychique" et de "délire collectif": nous tentons de combler nos angoisses par des projections paternelles ou maternelle transcendantes.

La vraie spiritualité est, tout le contraire, empreinte de modestie et d'ouverture à l'altérité : ce "tout autre" que nous propose chaque instant dans son caractère unique et singulier. Les témoignages spirituels de toutes les civilisations et de toutes les cultures ont en commun ce message d'amour universel. Il faut être dogmatique pour transformer ces messages d'amour en sectarisme replié sur des formalismes désuets et des articles de foi plus "abracadabrantesque" les uns que les autres. Il y a effectivement "délire collectif" quand ce fétichisme maniaque débouche sur l'holocauste des "autres" ou tout simplement l'ignorance et le désintérêt pour la richesse culturelle de la différence.


Science et matérialisme

Par ailleurs et, malgré les apparences, le matérialisme est aussi peu scientifique que l'idéalisme est spirituel. La science en tant qu'elle est décomposition analytique de processus nous éclaire sur le "comment" mais jamais sur le "pourquoi". Réduire la réalité à des processus sans finalité est pratique pour les décomposer, mais l'expérience quotidienne nous fait expérimenter chaque jour l'extraordinaire propension de tout système complexe à générer, y compris contre notre volonté, des finalités émergentes intrinsèques.

Paradoxalement le matérialisme est aussi une forme d'idéalisme car il "réduit" le réel à "l'idée" que nous pouvons en avoir à partir d'une analyse que la science connaît, par définition pourtant, comme partielle, limitée et relative. Le vingtième siècle nous aura montré comment le matérialisme sous sa forme dogmatique débouche de la même manière que l'idéalisme et pour les mêmes raisons sur des "délires collectifs".

Luc Ferry a le mérite dans son livre " Qu'est-ce qu'une vie réussie ? " de bien montrer comment l'évolution de la pensée philosophique orientale, grecque, judéo-chrétienne et moderne converge vers ce ré-enchantement du monde à travers ce qu'il appelle une "spiritualité laïque" et une "conscience élargie". Il montre de manière magistrale comment "la singularité de chacun", "l'intensité de l'instant" et "l'amour de l'autre" sont les moments essentiels de cette vision humaniste qui réconcilie les contraires...

Lire la suite de l’article sur le blog de L'Université Intégrale.

lundi 14 février 2011

Comment l'entreprise élargie réenchante le monde ? (1)

Dans le cadre de la onzième journée de l'Université Intégrale qui aura lieu Samedi 19 Février sur le thème : « Vers une entreprise plus intégrale ? » nous proposons ci-dessous des extraits d’un article de Michel Saloff-Coste, co-fondateur de l’Université Intégrale, où l'auteur nous explique : « Comment l’entreprise élargie réenchante le monde ». A lire dans son intégralité sur le blog de l’Université Intégrale.

Michel Saloff-Coste définit de manière synthétique les trois axes du contexte évolutif dans lequel se développe l’entreprise du 21ème siècle. Un axe de durabilité économique, sociale et écologique. Un axe de temporalité, courte, moyenne et longue. Un axe de profondeur qui touche aux dimensions rationnelles, émotionnelles et spirituelles.
Ces trois axes sont interdépendants : la question de la durabilité amène à se poser des questions de temporalité et à approfondir son questionnement au-delà d'une rationalité étroite. L’intrication et l’interaction de ses dimensions nécessitent une nouvelle approche - à la fois systémique et intégrale - des organisations humaines en générale et des entreprises en particulier.

Michel Saloff-Coste a vingt ans d’expérience dans l’accompagnement de dirigeants et d’équipe de direction. Il a développé une méthode originale de coaching stratégique qui articule Développement du Potentiel Individuel (DPI) et Développement du Potentiel de l’Entreprise (DPE). Ses conférences en Europe, en Amérique et en Asie ont touché plusieurs milliers de personnes. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de références dans le domaine du management.


Comment l’entreprise élargie réenchante le monde. Première partie. Michel Saloff Coste

Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Rabelais
Dans les temps faciles les esprits mécaniques suffisent mais en période de crise il faut du cœur et même du génie. Charles de Gaulle

Rien n'est plus puissant qu'une idée lorsque son temps est arrivé ! Victor Hugo

J'ai souvent été amené à éclairer les entreprises sur leur futur et leur choix stratégique. Mon expérience m'a montré combien il est difficile de distinguer les vrais enjeux. Face à la métamorphose contemporaine du monde, les entreprises vont devoir profondément se transformer pour pouvoir être légitimes et continuer a créer de la valeur ajoutée.
Le sujet traité dans cet article est la question de l’entreprise élargie : une tendance de fond qui est en train de toucher toute les entreprises en modifiant profondément le rôle futur que peuvent avoir les Ressources Humaines dans les organisations.

Les enjeux des entreprises au cours du XXème siècle ont été souvent marqués par des caractéristiques bien définies : une stratégie dominée par la nécessité de résultats trimestriels et donc une dictature du court terme. Cette logique et souvent accompagnée d’une emphase forte donnée à la rationalité. Par ailleurs les intérêts de l’entreprise sont surtout économiques. Pour résumer l’entreprise est essentiellement préoccupée par le court terme, l’économique et la rationalité.

Cette vision de l’entreprise "étroite" est directement liée à la relation forte entre les investisseurs, "stock holders" et l’équipe de direction, chargée d’exécuter une stratégie de retour sur investissement. Ce tropisme s’amplifie jusqu'aux crises à écologique, sociale et économique du début du XXIème siècle.
Ces crises interrogent radicalement les entreprises sur leur capacité à créer de la richesse économique mais aussi leur responsabilité sociale et écologique. Ces crises, dans leur radicalité, interrogent la rationalité classique du progrès. Cette vision étroite de l’entreprise apparaît de plus en plus discutable en mesure que l’entreprise est amenée à considérer l’ensemble de ces parties prenantes, "share holders" !

Dans les années qui viennent les enjeux économique mais aussi sociaux et écologiques emmèneront des interrogations qui susciteront à juste titre beaucoup d’émotions et de questions philosophiques et spirituelles.

Les entreprises se retrouvent confrontées à ce qu’elles ont souvent voulu évacuer en l'externalisant en dehors de l’entreprise. L’entreprise du futur ne peut plus être seulement économique, à court terme et rationnelle. Il lui faudra de plus en plus se positionner face à des enjeux à long terme, écologiques et spirituels. Elle devra aussi être sociale, gérer le moyen terme et avoir des réponses au désarroi émotionnel de chacun. Ce nouveau défi est c’est que nous appelons "l’entreprise élargie".


L’entreprise élargie

Derrière cette évolution se dessine une entreprise qui prendrait en compte le court terme, mais aussi le moyen et le long terme ; une entreprise économique mais aussi sociale et écologique ; une entreprise capable de penser rationnellement mais aussi dotée d’une véritable intelligence affective et spirituelle.

Une entreprise de ce type serait capable de faire du profit mais serait aussi capable de traiter humainement ses clients et ses collaborateurs tout en étant capable d’apporter sa pierre dans l’élaboration de la vérité, de la bonté et de la beauté, dans le cadre du progrès spirituel de l’humanité.

Dans la pratique nous sommes encore souvent bien loin de cette entreprise élargie. Il est clair, malgré tout, que depuis trente ans se construisent petit à petit de nouveaux discours sur l’entreprise qui vont dans le sens de l'entreprise élargie. Il est possible même que la crise économique, la crise de société et la crise écologique précipitent la fin des entreprises dont la vision est trop étroite surtout lorsque par leurs fautes et leur aveuglement des millions de personnes mourront de faims, de soif et verront leur terre inondée par la montée du niveau de la mer.

Un film comme "The corporation" qui a été largement diffusé montre comment la vision étroite de l’entreprise classique justifie des comportements qui sont souvent responsables des crises que nous traversons aujourd’hui. A mesure où ces crises vont s’amplifier, on peut anticiper que les entreprises seront de plus en plus confrontées et critiquées du fait de leur manque de responsabilité globale. Une responsabilité qu'elles n’assument pas du fait de la vision étroite de leur rôle.

Dans cet article nous explorerons quelles sont les caractéristiques d’une entreprise élargie, le rôle particulier des ressources humaines dans ce type d'entreprise et enfin comment développer les talents dans l'entreprise élargie ?

Les différentes dimensions de l'entreprise élargie peuvent être analysées selon trois axes :
- Un axe de durabilité : Economique, Sociale, Ecologique
- Un axe de temporalité : Courte, Moyenne, Longue
- Un axe de profondeur: Rationnel, Emotionnel, Spirituel

Les différent axes se suscitent mutuellement : la question de la durabilité amène à se poser des questions de temporalité et à approfondir son questionnement au-delà d'une rationalité étroite.


L’axe de durabilité

Approfondissons, tout d'abord, l'axe de durabilité : Economique, Sociale, Ecologique

Le développement durable (ou développement soutenable, anglicisme tiré de Sustainable development) est une conception récente de l'intérêt public, c'est un mode de développement appliqué à la croissance et reconsidéré à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects écologiques et culturels généraux de la planète. Il s'agit, selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport Brundtland:

« Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

Le philosophe français Michel Foucault aborde ces questions sur le plan épistémologique. Il parle de changements de conception du monde, qui se produisent à différentes époques de l'Histoire. Il appelle ces conceptions du monde, avec les représentations qui les accompagnent, des épistémès. J'ai moi même développé cette approche dans le cadre de mes recherches sur "Le management systémique de la complexité" et "Le management du troisième millénaire" en tentant de dégager les grandes caractéristiques "épistémologique" de l'ère contemporaine.

La formule « agir local, penser global », employée par René Dubos au sommet sur l'environnement de 1972, est souvent invoquée dans les problématiques de développement durable. Elle montre que la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux nécessite de nouvelles heuristiques qui intègrent le caractère global du développement durable. Elle fait penser à la philosophie de Pascal, plutôt qu'à celle de Descartes, celle-ci étant davantage analytique. En pratique, elle devrait se traduire par des approches systémiques.

L'objectif du développement durable est de définir des schémas viables qui réconcilient les trois aspects (économique, social, et environnemental) des activités humaines : « trois piliers » à prendre en compte par les collectivités comme par les entreprises et les individus. La finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois enjeux. À ces trois piliers s'ajoute un enjeu transversal, indispensable à la définition et à la mise en œuvre de politiques et d'actions relatives au développement durable : la gouvernance.

La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs (citoyens, entreprises, associations, élus...) au processus de décision ; elle est de ce fait une forme de démocratie participative.

Le développement durable n'est pas un état statique d'harmonie mais un processus de transformation dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des investissements, l'orientation des changements technologiques et institutionnels sont rendus cohérents avec l'avenir comme avec les besoins du présent.

Les trois piliers se renforcent mutuellement et sont synergiques les uns avec les autres pour bonifier l'entreprise ; cependant il existe une forte divergence de temporalité entre chacun d'eux. Les entreprises ont tendance à privilégier le pilier économique parce qu'il concerne le court terme, le social, lui, a des effets plutôt à moyen terme et la dimension environnementale concerne le long terme ! Le développement durable oblige donc l'entreprise à élargir sa vision temporelle à envisager le court mais aussi le moyen et le long terme de manière prospective.

samedi 12 février 2011

Université Intégrale (4) Vers une Entreprise plus Intégrale

S'il est une preuve de la vitalité et de la richesse de l'approche intégrale, c'est la diversité de ses applications au monde des organisations humaines, en général, et de l'entreprise, en particulier. La semaine prochaine à Paris auront lieu deux rencontres autour de la Vision Intégrale sur le thème de la gouvernance et de l'entreprise.
Lundi prochain, 14 Février, dans le cadre du Paris Integral Vision/Ken Wilber Meetup Group, Brian Robertson viendra parler de son modèle de gouvernance intégrale qu'est l'Holacratie.
Samedi prochain, 19 Février, dans le cadre de l’Université Intégrale à laquelle nous avons consacré plusieurs billets, une journée d’études – la onzième – aura lieu sur le thème : Vers une entreprise plus intégrale. Voici, ci-dessous la présentation et le programme de cette journée. On pourra se référer au blog de l’Université Intégrale pour tous les détails pratiques concernant l'organisation et l’inscription.


Vers une entreprise plus intégrale ?
Dans notre monde en transition, l’entreprise est aujourd’hui au cœur du questionnement : sa finalité même, sa responsabilité, comme les valeurs qui l’animent, tout ceci sera vraisemblablement redéfini au cours de la décennie à venir. Comment accompagner cette mutation, nécessaire et difficile ?

Les entreprises du 20e siècle ont été fortement marquées par des préoccupations et des intérêts essentiellement économiques et rationnels, avec des stratégies largement dominées par la nécessité de résultats trimestriels, et par le court terme. Cette vision étroite de l’entreprise est directement liée à la pression qu’exercent les investisseurs, avec leur exigence de retour rapide sur investissements.

Ce tropisme qui s’amplifie jusqu’aux crises écologique, sociale et économique du début du 21e siècle, interroge radicalement les entreprises sur leur capacité à créer de la richesse économique mais aussi sur leur responsabilité sociétale et écologique. Un film comme The Corporation, qui a été largement diffusé, montre bien comment la vision étriquée de l’entreprise justifie des comportements qui sont souvent responsables des crises que nous traversons aujourd’hui, et qui, de ce fait, remettent en question la conception rationnelle et classique du progrès.

L’entreprise du futur ne peut plus être seulement économique, rationnelle et à court terme...Il lui faudra se positionner également de plus en plus face à des enjeux à moyen et long terme, écologiques, sociaux, et spirituels. Ce nouveau défi relève de ce que nous appelons l’entreprise élargie ou «entreprise intégrale».

Derrière cette évolution se dessine :

- Une entreprise qui, sans oublier les exigences du court terme, saura aussi conjuguer sa stratégie avec le moyen et le long terme.

- Une entreprise capable de penser rationnellement et dotée aussi d’une véritable intelligence collective, émotionnelle et de sens.

- Une entreprise qui replace l’humain au cœur de sa stratégie et qui considère cette ressource comme un facteur- clé de créativité et d’innovation.

- Une entreprise consciente de sa responsabilité écologique et des impacts négatifs sur la biosphère, qu’elle ne fera pas porter à la collectivité, ni aux générations futures.

- Une entreprise qui soit en mesure de concevoir son business model et ses processus de production dans le respect total du « capital humain » qu’offre notre planète.

Capable de dégager du profit, autant que de traiter humainement ses clients et ses collaborateurs, cette entreprise intégrale aurait le souci de progresser en parfaite harmonie avec le Vivant.

Si la plupart des entreprises sont encore loin aujourd’hui de ce nouveau modèle, la mutation est en cours et, depuis déjà quelques années, des initiatives totalement nouvelles se déploient. L’université intégrale, qui a pour vocation d’accompagner ces mutations, est heureuse de vous présenter ces initiatives et ces nouveaux acteurs qui construisent l’entreprise de demain.

Cette journée a été conçue et réalisée par Carine Dartiguepeyrou, Michel Saloff Coste, Bénédicte Fumey, Caroline Guidetti, Dominique Marty et André Copin du Club de Budapest France.


Programme

8h30 Accueil. 9h00 Introduction à la journée
9h10-9h30 Michel Saloff-Coste. Les enjeux de l’entreprise intégrale, resitués dans la période de transition qui est la nôtre.

2011 02 19 MICHEL SALOFF COSTE VERS UNE ENTREPRISE INTEGRALE ? UNIVERSITE INTEGRALE 11 from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.

9h30-9h50 Eric Garnier. La démarche intégrale d’Alter Eco.

En guise de préparation à ces premiers échanges, nous vous invitons à écouter la vidéo d’Eric Garnier « L’exigence du développement durable» en ligne sur le blog de l’Université intégrale

11h00-12h30 Table ronde animée par Bénédicte Fumey et Gérard Schoun : Les nouveaux contours de la responsabilité sociétale de l’entreprise et du développement soutenable avec Bernard Benattar, Jacques Giraud, Sabine Devlieger, Gérard Schoun. En guise de préparation à cette table ronde, nous vous invitons à écouter la vidéo d’Elisabeth Laville sur « Les évolutions de l’entreprise en matière de RSE ».

Les nouveaux contours de la responsabilité sociétale de l’entreprise et du développement soutenable from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.

14h00-14h45 : Table ronde animée par Bénédicte Fumey et Caroline Guidetti : Les démarches écologiques actuelles qui contribuent à rendre l’entreprise plus intégrale. Avec Eric Allodi, Margot Borden, Caroline Gervais, Stéphane Riot, Guillaume Hermitte.

Les démarches actuelles qui contribuent à rendre l’entreprise plus intégrale et plus écologique from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.

15h00-16h00 : Table ronde animée par Carine Dartiguepeyrou et Dominique Marty : Comment l’entreprise peut développer son intelligence sociale et émotionnelle et gagner en humanité avec Danièle Darmouni, Isabelle Desplats, Edel Gött, Francis Kratz, Olivier Réaud.

Comment l’entreprise peut développer son intelligence sociale et émotionnelle et gagner en humanité from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.


16h30-17h30 Table ronde animée par Michel Saloff Coste: De la micro-économie à la macro-économie, les enjeux à venir d’une économie plus solidaire avec Borello ou Nicolas Froissard, Groupe SOS, Alain Arsoneau, Carine Dartiguepeyrou, Cyril Dion, Thanh Nghiem, Alexandre Rojey, Martine Roussel-Adam.

De la micro-économie à la macro-économie, les enjeux d’une économie plus solidaire from UNIVERSITE INTEGRALE on Vimeo.

17h30 Présentation des prochaines universités intégrales et l’actualité du Club de Budapest


Présentation des intervenants

Eric Allodi : directeur général d'Intégral Vision. Il nous parlera des apports de l’approche intégrale dans le domaine du management et de craddle to craddle.

Alain Arsoneau : co-gérant de Facilitis, entreprise de conseil, formation & recrutement dans les services immobiliers. Alain partagera son expérience concrète d’entreprise intégrale dans une recherche d’épanouissement collectif, de réalisation personnelle et professionnelle, où travail et plaisir sont associés.

Bernard Benattar : psychosociologue et philosophe du travail, fondateur de l’Institut Européen de Philosophie Pratique (Penser ensemble). Bernard témoignera du rôle de la philosophie en entreprise, comme médiation entre les intelligences et les sensibilités.

Margot Borden : psychothérapeute et consultante en entreprise, professeur à Antioch University MC Gregor (USA). Directrice de Integral perspectives, elle témoignera de la manière dont elle aide les entreprises à adopter un marketing plus respectueux de l’humain.

Justine Caulliez : Justine est co-fondatrice de l'association Terre de Conscience, co-créatrice et formatrice de son programme en Approche Intégrale d'Evolution Personnelle. Elle animera les intermèdes corps- esprit de la journée.

Danièle Darmouni : fondatrice et présidente d'International Mozaik, école du devenir, Membre créatif du Club de Budapest France. Elle est le co-auteur des livres « La supervision des coachs » (2010) et « Artisans du devenir » (2011). Danièle témoignera de son engagement à prendre en compte les différentes dimensions de l’être son expérience de la formation et du coaching

Carine Dartiguepeyrou : présidente du Club de Budapest France, coordinatrice du livre « Prospective d’un monde en mutation » (2010) et co-auteur des livres « Le dirigeant du 3ème millénaire » (2006), « Le DRH du 3ème millénaire » (2008, 2010) et de "Visions de femmes DRH sur un monde en pleine transformation" (mars 2011). Elle évoquera le Colloque international des monnaies sociales et complémentaires (Lyon Février 2011).

Isabelle Desplats : formatrice en sociocratie et membre fondatrice du Mouvement des Colibris. Elle nous parlera des enjeux de la gouvernance intégrale, de la sociocratie et de la communication non violente.

Sabine Devlieger : psychopédagogue, psychologue clinicienne, coach et formatrice en entreprise. Fondatrice d’Humanissimo : recherches et solutions face à l’origine relationnelle de la souffrance au travail. Elle enrichit son approche par les neurosciences et la primatologie et nous parlera du concept de « grooming humain »

Cyril Dion : directeur du Mouvement des Colibris, initiateur du laboratoire des entreprises Colibris.

Bénédicte Fumey
: membre du comité du Club de Budapest France, elle a un parcours de cadre en marketing et dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Elle se spécialise sur les questions de développement durable et nous parlera des apports du « capitalisme naturel ».

Eric Garnier : responsable de la communication Alter Eco. Il participe au côté de Tristan Lecomte, fondateur d’Alter Eco à la mise en place d’une démarche intégrale au sein d’Alter Eco dont il nous parlera.

Caroline Gervais : directrice de The Natural Step France. Elle nous parlera de la démarche systémique, stratégique et participative de The Natural Step, qui permet aux entreprises et collectivités territoriales d’intégrer la perspective développement durable au cœur de leur métier, de leur stratégie, pour la décliner dans tous les champs où cette compétence devient nécessaire.

Jacques Giraud: membre de la Fondation Hourdin, représentant du Pacte Civique pour le chantier RSE.

Edel Gött : directrice générale et fondatrice de Recherches & Evolution, école des leaders éthiques. Elle nous parlera des démarches pour aider les individus à devenir des leaders éthiques. Auteur "Now or never, l’urgence d’agir" (2010).

Eric Grelet : dessinateur. Eric est co-animateur de nos journées de l’Université intégrale.

Caroline Guidetti : co-fondatrice du Club de Budapest France, enseignante en développement durable et journaliste (émission Ressources sur la radio Ici et Maintenant). Caroline se passionne pour les enjeux liés au développement durable qu’elle préfère qualifier « d’évolution désirable ».

Guillaume Hermitte : Guillaume a lancé une entreprise de chocolat « Choc’éthic » (de l’importation à la dégustation) partageant des valeurs de solidarité. Il témoignera de son engagement en tant d’entrepreneur social.

Francis Kretz : ancien dirigeant de France-Télécom Orange, il mène actuellement une seconde carrière de coach d'entreprise. Il a effectué une enquête auprès de femmes et d’hommes sur les valeurs féminines et masculines et le management de la mixité des équipes et des individus. Il nous parlera du jeu des qualités féminines et masculines pour l’entreprise performante du futur.

Sylvie Lefranc : masseuse ayurvédique, fondatrice de « Chandrakanti Tara - Massages ayurvédiques », ancienne Chargée de mission au ministère de l’Ecologie. Elle sera présente et disponible tout au long de la journée pour ceux qui souhaitent être massés.

Dominique Marty : membre du comité du comité du Club de Budapest France, elle est psychologue, coach et consultante RH. Elle audite les entreprises pionnières dans le domaine de l’innovation sociale et considère la dynamique Féminin- Masculin (« nouvelle alliance managériale ») comme une forme émergente, très prometteuse, d’intelligence collective.

Thanh Nghiem : fondatrice d’Angénius, auteur du livre « Des abeilles et des hommes » (2010). Elle nous parlera de l’économie du don au service de l’intelligence collective.

Olivier Réaud : fondateur du cabinet de conseil en management collaboratif In Principo. Olivier nous dressera un panorama de la pratique du collaboratif au sein des entreprises et des manières de créer plus de collaboration au sein des entreprises.

Stéphane Riot : fondateur de Nove Terra, membre fondateur de l’association Biomimicry France. Il nous parlera de la démarche qu’il a développé pour accompagner les individus et les entreprises dans leur changement de conscience vers la durabilité.

Alexandre Rojey : initiateur du groupe de réflexion réseau inter-entreprises IDées (recherche et prospective) de la Fondation Tuck, auteur du livre « L’avenir en question . Alexandre témoignera de son implication à construire des visions prospectives de l'énergie et du monde de demain, en reliant les différents acteurs concernés.

Martine Roussel-Adam : présidente du Fonds Ashoka, présidente du Comité d’investissement Phi Trust Partenaires, Présidente Fondatrice de Chemins d’Enfances, Membre d’honneur du Club de Budapest France. Elle témoignera de la finance solidaire et de l’importance des entrepreneurs sociaux dans une économie plus solidaire à construire.

Michel Saloff-Coste : co-fondateur du Club de Budapest France et initiateur des journées de l’Université intégrale, chercheur, peintre, consultant. Auteur de plusieurs livres de management dont « Le management du 3ème millénaire », « Trouver son génie » (2005) et « Le dirigeant du 3ème millénaire » (2006).

Gérard Schoun : expert en Responsabilité Sociétale des Organisations, partenaire de Vigeo (leader européen de la mesure de la RSO), auteur de plusieurs ouvrages dont en 2010 « Tu seras un leader, ma fille» (essai sur la notion de leadership responsable) et « Entrons dans le management d’après » (description d’un management adapté au monde de l’après-crise.

Alain Intand (sous réserve), ancien responsable de la SNCF, représentant du Pacte Civique pour le chantier RSE.

mercredi 9 février 2011

L'Holacratie

Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. Darwin

Lundi 14 Février à 20h, le Paris Integral Vision/Ken Wilber Meetup Group propose une rencontre exceptionnelle avec Brian Robertson, fondateur de l’Holacratie, un modèle intégral de grouvernance d’entreprise. Le terme « Holacratie » a pour étymologie le mot grec « holos » signifiant la totalité et « kratos » le pouvoir. Le but de ce modèle est donner le pouvoir de gouvernance à l’organisation elle-même.


Une nouvelle culture d’entreprise

Sociologue des organisations, François Dupuy vient de publier un ouvrage intitulé "Lost in management" dans lequel il explique l’urgente nécessité de l’innovation dans le domaine du management. Anne Rodier écrit ceci dans Le Monde à propos de cet ouvrage: « Ce sociologue, qui a observé de l'intérieur l'organisation d'entreprises françaises dans le cadre d'enquêtes menées de 2007 à 2008, dresse un bilan accablant de l'inadaptation des organisations de travail à l'évolution économique. L'ouverture des marchés liée à la mondialisation, la priorité donnée à l'adaptation des produits en fonction de la demande des clients auraient dû imposer un changement radical de management. Or les entreprises sont en réalité restées bloquées dans leurs vieux rouages organisationnels, affirme-t-il en substance ».

Des facteurs culturels - plus profonds que l'évolution économique - rendent ce changement inéluctable. Dans le contexte d'une crise de civilisation qui remet en question le système capitaliste, le rôle et le fonctionnement de l’entreprise sont aujourd’hui à réinventer. C'est pourquoi nous assistons à l’émergence d’une nouvelle culture d’entreprise fondée sur le développement de l’intelligence collective et sur l'évolution des modèles de gouvernance.

Plutôt que de penser ce changement à travers une vision fragmentée, Integral Vision est une société de conseil en stratégies alternatives qui propose une nouvelle approche fondée sur une vision holistique et intégrale du monde. Trop souvent, l’entreprise fonctionne de façon pyramidale et cloisonnée. Or, pour que celle-ci offre le meilleur d’elle-même, pour qu’elle innove et se développe avec agilité, les énergies et la créativité de chacun doivent pouvoir s’exprimer et se rencontrer.

Les quatre dimensions de l'entreprise intégrale
Cette condition, essentielle pour dépasser les frustrations et les intérêts individuels, permet à l’entreprise, agissant comme un organisme vivant à part entière, de modifier en profondeur sa gouvernance, d’explorer et d’appliquer des stratégies de rupture pour le bien de l’entreprise mais aussi pour celui de la planète et de la société.

Selon Eric Allodi, directeur d'Integral Vision et animateur du Paris Integral Vision/Ken Wilber Meetup Group : « Ce ne sont ni les technologies ni les moyens financiers qui font défaut ; ce qui manque c’est la capacité à transcender nos différences et nos points de vue afin d’accéder, ensemble, à un niveau de conscience et d’unité capables de répondre à tous les défis. »

L’approche originale d’Integral Vision est fondé sur le modèle des Quatre Quadrants de Ken Wilber. Ces quatre quadrants représentent toutes les dimensions de l’entreprise – les valeurs et les comportements de ses membres, la culture et les produits/processus de l’entreprise – et il est indispensable de travailler simultanément sur quatre axes intérieur/extérieur - individuel/collectif pour que l’entreprise puisse se développer de manière harmonieuse.
Pour Eric Allodi : « Les entreprises doivent cesser de faire partie du problème pour faire partie de la solution. Pour cela, il est indispensable aujourd’hui d’agir sur les niveaux de conscience individuels et collectifs en alignant les quatre dimensions - intérieures, extérieures, individuelles et collectives - de l’entreprise ». L'évolution du modèle de gouvernance est donc une des dimensions à travers lesquelles la vision intégrale s'applique au monde de l'entreprise.


Des laboratoires évolutifs de l'organisation sociale
Les entreprises sont des micro-sociétés organisées qui, sous peine de disparaître, doivent s’adapter à l’évolution du milieu où elles évoluent. C’est dans ces laboratoires que s’élaborent et s’expérimentent in vivo - pour le meilleur comme pour le pire - des formes d’organisation innovantes qui s’adaptent aux transformations du contexte économique et social, naturel et culturel où elles évoluent.

Après avoir fait leurs preuves sur le terrain, ces formes novatrices sont souvent reprises, ensuite, par la société dans son ensemble. Et ce, dans la mesure où elles expriment la réponse de la conscience collective aux transformations de son écosystème. Pour faire émerger les formes innovantes de l’organisation sociale, il est donc bon d’être à l’écoute de ce qui se passe dans ces microcosmes que sont les entreprises où s’élaborent, dans une dynamique adaptative et créative, les organisations du futur.

Après des années de recherche théorique et d’applications pratiques dans sa propre société, Brian Robertson, inspiré par la sociocratie, le lean management, la théorie intégrale de Ken Wilber et l’éveil évolutif d’Andrew Cohen, a développé une forme originale de gouvernance nommé Holacratie. Ce système s’est développé avec succès dans le monde de l’entreprise comme dans celui des organisations non gouvernementales. On trouvera sur le site d’Integral Vision de nombreuses informations et références sur ce modèle qui a reçu un très bon accueil en France depuis son introduction en 2008.


L'évolution de l'organisation sociale
Dans une perspective évolutionniste comme celle de la théorie intégrale, à chaque stade de l’évolution correspond un mode de conscience, une vision du monde et une forme d’organisation sociale. Cette organisation est l’expression objectivée et manifeste d’un consensus intersubjectif propre à une culture et à une vision du monde, correspondant l'une et l'autre à un stade évolutif donné.

Si, dans un graphique on met en ordonnée verticale la capacité à appréhender la complexité et en abscisse horizontale la temporalité historique au cours duquel un type d’organisation a émergé, on obtient une diagonale correspondant aux divers modes de gouvernement qui vont de l’anarchie à l’holacratie en passant par les stades de l’autocratie, de la monarchie, de la méritocratie, de la démocratie et de la sociocratie.

L’anarchie est le règne des sociétés sans gouvernance. L’autocratie est la gouvernance d’un seul individu. La monarchie est la gouvernance d’une famille dynastique qui se transmet par l’hérédité. La méritocratie est la gouvernance par la personne la plus qualifiée. La démocratie est la gouvernance par le peuple et la majorité. La sociocratie est un système de gouvernance fondée, à partir de la pensée systémique, sur les principes de l’auto-organisation des organismes vivants.


Qu’est-ce que l’Holacratie ?
L’Holacratie est un système de gouvernance fondée, à partir d’une vision intégrale, sur le principe d’un éco-organisme cohérent et intégré, fort de l’expérience, de la compétence et de la capacité d’innovation collective de ses membres.
Le but : faire émerger l’essence, le potentiel d’innovation et l'intelligence collective de l’organisation en les libérant des peurs et des ambitions des egos individuels.

Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de l’Holocratie ainsi que le contexte socio-économique dans lequel peut se développer un tel modèle, nous proposons ci-dessous un article de Eric Allodi pour Marketing Magazine sur le management des entreprises au vingt et unième siècle.


Vers un nouveau management pour les entreprises du XXIe siècle. Eric Allodi

Prospective. Pour sortir pour de bon de la crise, les entreprises devraient peut-être changer de perspective. Etymologiquement, le terme «holacratie» (HolacracyTM en anglais) provient des mots grecs «Holos» qui désigne «une entité qui est simultanément un tout et une partie d'un tout» (ex : un atome, une cellule) et de «kratos» qui signifie «pouvoir». Il s'agit donc de donner le pouvoir de gouvernance à l'organisation elle-même plutôt qu'à ses membres. HolacracyTM est une marque déposée de HolacracyOne Inc. pourrait bien être la voie à suivre. Né aux Etats-Unis il y a plus de dix ans, ce concept propose un nouveau mode de gouvernance. A méditer avant de l'adopter.

Si la crise économique semble se résorber et les statistiques s'améliorer, ne nous y trompons pas, nous ne sommes pas tirés d'affaire ! La crise de civilisation systémique que nous traversons reste bel et bien d'actualité. Nous avons temporairement calmé les symptômes mais nous n'avons pas traité le mal à sa racine. L'échec de Copenhague l'illustre bien. Tant que les pays ou les individus resteront arc-boutés sur leurs intérêts et leurs ambitions personnels, aucun changement ne sera possible et nous continuerons d'aligner des compromis boiteux. Aujourd'hui, au vu de l'urgence, il nous faut changer de perspective.

Comme le disait Einstein « les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne peuvent être résolus au niveau et avec la façon de penser qui les a engendrés». Il est donc nécessaire de créer au niveau mondial un contexte moral, éthique, philosophique voire spirituel qui, non seulement, nous permette de relever les défis actuels, mais nous pousse également individuellement à adopter une vision intégrale pour faire évoluer notre niveau global de conscience et transformer notre culture.

Ce même changement de perspective doit advenir aux entreprises. Combien de conflits, d'injustices, de suicides, de réorganisations «miracles» seront nécessaires pour comprendre qu'il faut ouvrir la porte à une nouvelle culture entrepreneuriale qui donne au collectif son véritable sens ? Il est temps d'adopter une nouvelle gouvernance qui permette aux individus de transcender leurs peurs et leurs ambitions personnelles pour laisser enfin la place aux valeurs humaines les plus fondamentales.

Pour répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux, il est primordial d'appliquer un système de gouvernance qui implique l'ensemble des collaborateurs, un système vivant capable de tirer la quintessence d'un collectif partageant les mêmes valeurs. Or, lorsqu'une divergence émerge entre la vision de l'entreprise et celle de ses membres, le système de hiérarchie pyramidale montre ses limites ; les salariés se sentent de moins en moins impliqués, et se déresponsabilisent.

Pour remédier à cela, la gouvernance holacratique, conceptualisée aux Etats-Unis il y a près de dix ans, propose, par la pratique de l'intelligence collective, de donner le pouvoir de gouvernance à l'organisation elle-même plutôt qu'à ses membres. La hiérarchie n'est pas remise en cause, mais la structure pyramidale laisse place à une structure en cercles concentriques avec comme règles directrices : un pilotage dynamique de l'entreprise grâce à des réunions et à un processus de facilitation spécifique, des représentants élus au sein de chaque cercle, des décisions prises par consentement et non par consensus.

Soyons acteurs de la vision et des projets de l'entreprise

L'entreprise devient agile, capable de s'adapter en temps réel aux événements internes et externes, à la manière d'un organisme vivant, afin de réaliser sa vision et de satisfaire ses objectifs. Le système de gouvernance holacratique est révolutionnaire. Il transforme une organisation fragmentée, souvent inconsciente des interdépendances et des enjeux du monde et de son marché, en un éco-organisme cohérent et intégré, fort de l'expérience, de la compétence et de la capacité d'innovation collective de ses membres. C'est un outil efficient pour développer la cohésion, fluidifier les rapports, libérer la créativité et l'authenticité des collaborateurs. Cette approche permet à chaque individu de devenir acteur de la vision et des projets de l'entreprise.

Le corollaire de ce qui précède est que la solution aux maux du monde passe d'abord par les choix de chacun d'entre nous, puisque nous avons littéralement créé le monde à notre image. Nous connaissons le monde qu'ont engendré les peurs et les désirs de l'ego, et nous n'en voulons plus. Alors, comme le disait Gandhi, «Soyons le changement que nous souhaitons voir dans le monde». Il n'est pas trop tard...

dimanche 6 février 2011

Paris Integral Vision/Ken Wilber Meetup Group

Les habitants de la région parisienne – et les autres – qui cherchent à entrer en contact et à rencontrer des personnes intéressées par la Vision Intégrale et l’œuvre de Ken Wilber, peuvent le faire dans le cadre du Paris Integral Vision / Ken Wilber Meetup Group.

Fondé en 2003 à Paris, ce groupe a pour but de favoriser les débats, réflexions, activités et expériences autour de l’approche intégrale et de ses applications dans le domaine de la psychologie et de l’entreprise, de l’art et de la science, de la politique, de la médecine et de l’éducation.


Qu’est-ce que le Paris Integral Vision / Ken Wilber Meetup Group ?

Meet up en anglais signifie faire connaissance. Selon Wikipédia : « Le Meet-up est une soirée de réseautage social, centrée pour les participants sur un ou plusieurs centres d’intérêt commun. La rencontre découle d’une mise en relation électronique en amont, initiée depuis une communauté virtuelle." A ne pas confondre avec Meet Down, une rencontre réunissant des individus autour d'un centre d’intérêt et prolongée par le réseau social d'une communauté virtuelle. Cette dernière démarche s'ancre dans une rencontre et un échange réels pour ensuite se dématérialiser dans un réseau virtuel.

Meetup est aussi le nom d'un site international qui met en relation des individus souhaitant se regrouper autour d’une passion ou d’un intérêt commun, et qui permet ainsi de rechercher, parmi les milliers de groupes déjà existants, celui ou ceux qui nous correspondent. Meetup est le plus grand réseau mondial de groupes locaux. Plus de 2 000 groupes se rassemblent chaque jour dans le monde autour d'un même objectif : évoluer individuellement ou faire évoluer leurs communautés.

Le Paris Integral Vision / Ken Wilber Meetup Group utilise donc le réseau Meetup pour initier des rencontres à Paris autour de la Vision Intégrale et de l'oeuvre de Ken Wilber. Ces rencontres sont ouvertes à tous ceux qui le désirent. Il suffit pour cela de s’inscrire sur la page Meetup dédiée au groupe afin d'avoir accès aux informations concernant ses activités. Le groupe se réunit régulièrement, tous les mois, autour d’un invité, d’une vidéo, d’un thème spécifique lié à la culture intégrale. Une modique participation aux frais est demandée à chaque participant. La plupart de ses membres parlent à la fois français et anglais

Le Paris Integral Vision / Ken Wilber Meetup permet d’échanger informations et expériences sur la façon dont chacun vit, dans son contexte social et culturel, ce processus personnel d’intégration du corps, de la psyché, du mental de l’esprit qui est au cœur de la vision intégrale. On peut y mener des discussions passionnantes sur les applications, les techniques et les développements les plus novateurs de l’approche intégrale.
On peut y réfléchir ensemble sur des modèles comme ceux de la Dynamique Spirale développés par Don Beck et Chris Cowan à partir des travaux de et recherches menées par Clare W. Graves. Effectuée dans un cadre convivial et informel, ces réunions peuvent être l’occasion d’évènements artistiques, autour de la musique par exemple, ou donner lieu à des ateliers de travail pour explorer telle ou telle pratique.


Une exception française

Un des participants résume bien l’esprit du groupe : « La pensée de Ken Wilber est si peu connue en France, alors qu'elle fait un malheur aux Etats-Unis, en Allemagne et en Angleterre. Rattrapons notre retard et profitons de cette mise en perspective des changements dans le monde, nos sociétés et nous-mêmes. Cela provoque immanquablement de nouveaux questionnements et de nouvelles pratiques de vie. »

On sait effectivement qu’il existe une forme d'"exception française"dans la réception des œuvres de Ken Wilber et de la vision intégrale. Cette démarche d’intégration va à l'encontre de l’abstraction et du rationalisme propres à la culture hexagonale. Une culture riche d’une tradition analytique ayant produit de belles œuvres mais qui a pour conséquence une extrême fragmentation disciplinaire et la "parcellisation du savoir en petits fiefs de pouvoir".

Qui dit petits fiefs dit petits chefs, souvent enfermés dans le bunker d’une spécialité et rétifs à toute vision globale ou transdisciplinaire pouvant remettre en question leur pouvoir. Car la vision intégrale, c’est un fait, relativise les savoirs spécialisés, c'est-à-dire qu’elle les met en relation avec d’autres disciplines, d’autres formes de connaissance et d’activités humaines.

L’exception française provient donc d’une abstraction analytique qui a du mal à percevoir et à concevoir une épistémologie intégrative fondée sur une approche à la fois concrète et synthétique, dynamique et globale. C'est pourquoi la vision intégrale est quelquefois accueillie en France avec la réticence qui serait celle d'une assemblée de nonnes à qui on tiendrait un discours sur les plaisirs de la chair !...
Les cerveaux français sont si peu formés à une approche globale que leur parler de vision intégrale donne parfois la pénible impression de vouloir jouer une fugue de Mozart avec un tambour. La partition et l'instrument ne sont pas vraiment congruents !...
Au-delà de l’aspect très novateur de la vision intégrale, cette exception culturelle explique le retard avec lequel la culture intégrale, en général, et l’œuvre de Wilber, en particulier sont accueillies et traduites en France ainsi que le désintérêt des milieux académiques pour une approche profondément originale saluée ailleurs avec enthousiasme, notamment par les nouvelles générations. Ce qui explique pourquoi les livres de Wilber sont parmi les plus piratés sur internet....


Vision et formalisme

Suite à une longue tradition anglo-saxonne, la culture américaine est empirique, pragmatique et concrète. Pour des raisons historiques liées à la fondation des Etats-Unis par ses pères fondateurs, elle met en valeur les qualités visionnaires et créatrices de l’individu. Cette forme de « pragmatisme inspiré » explique la raison pour laquelle le paradigme intégral a pu trouver dans le contexte particulier de la culture américaine un climat propice à son développement.

Une des caractéristiques essentielles de la culture française est ce goût pour la forme qui conduit parfois au formalisme et qui explique son tropisme pour l’abstraction. Cet esprit de géométrie est hérité, entre autre, de ce que Norbert Elias nomme une "rationalité de cour", propre à l’aristocratie, qui suppose le contrôle des affects et la maîtrise des émotions. Dans De la France, Cioran écrit ceci : « Qu'a-t-elle aimé, la France ? Les styles, les plaisirs de l'intelligence, les salons, la raison, les petites perfections. L'expression précède la Nature. Il s'agit d'une culture de la forme qui recouvre les forces élémentaires et, sur tout jaillissement passionnel, étale le vernis bien pensé du raffinement...

La France considère tout ce qui dépasse la forme comme une pathologie du goût... Les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée... C'est une culture a-cosmique, non sans terre mais au-dessus d'elle. Les cultures a-cosmiques sont des cultures abstraites. Privées de contact avec les origines, elles le sont aussi avec l'esprit métaphysique et le questionnement sous-jacent de la vie... La France ? Le refus du Mystère
».

L’esprit analytique des français est donc sensible à l’harmonie abstraite des formes là où l’esprit d’entreprise des anglo-saxons est plus sensible à la dynamique concrète de l’énergie créatrice. Pour les anglo-saxons une idée est bonne si elle est efficace. Pour les français, une idée doit se révéler efficace si elle est bien formulée. Au coeur de la vision du monde des anglo-saxons : la force, l'énergie et la dynamique; au coeur de la vision du monde hexagonale: la forme, le style et l'architectonique.


Un processus d’acculturation

Entre ces deux traditions culturelles à l’origine de deux visions du monde, il faut des passeurs capables de réaliser les médiations nécessaires à un processus d’acculturation à travers lequel une forme culturelle peut être progressivement intégrée à une autre forme. L’acculturation est un processus alchimique qui s’opère chez certains esprits avant de se diffuser progressivement à des cercles de plus en plus larges.

Une alchimie subtile et créatrice qui nécessite de ne pas imposer une vision du monde au détriment de l’autre mais de reconnaître les similitudes et les différences entre deux cultures, afin de produire leur enrichissement mutuel. Ce processus d’acculturation qui fait évoluer les formes culturelles peut parfois produire des métamorphoses étonnantes.

Parce qu'elle connaît à la fois l'intérêt et les limites de l'esprit analytique, la culture française peut apporter à la culture intégrale la richesse de son génie analytique, illustrée notamment par ce grand penseur de l'évolution qu'est Bergson. Fondée sur la dynamique de l'intuition, sa pensée évolutionniste s'est constituée en réaction au rationalisme dominant sans rien renier de la rigueur analytique.
C'est cette rigueur qui permet de canaliser parfois la vigueur créatrice des anglo-saxons, notamment en corrigeant et en complexifiant certaines formulations qui s'avèrent trop simples, voire parfois carrément simplistes, et en critiquant à juste titre leur tendance à intérioriser une anthropologie capitaliste qu'ils considèrent comme naturelle et universelle.

Métamorphose
De même, la culture française a beaucoup de choses à apprendre de la culture intégrale, notamment pour remettre en question un formalisme abstrait dont l'hégémonie n’est plus en phase avec une société de l’information et de l’interconnexion qui nécessite des réponses immédiates faisant appel aux ressources de l’intuition créatrice. L'inadaptation de ce formalisme abstrait à une société en mouvement continu est d'ailleurs à l'origine d'une profonde crise d'identité qui fait de la population française la plus pessimiste au monde selon un récent sondage international.
La résolution de cette crise dont l'origine est culturelle passe par la transformation du modèle français, celui de l'universalisme abstrait hérité des Lumières, en dynamique concrète d'universalisation. Produit d'une raison érigée en principe suprême, le progrès abstrait et linéaire qui fût celui des Lumières doit s'incarner et se concrétiser pour devenir un processus d'intégration de la conscience à travers les divers stades de son développement, des plus archaïque aux plus transcendants. C'est cette métamorphose que permet l'assimilation d'une épistémologie intégrale.
Si les Lumières ont laïcisé l'héritage chrétien en l'objectivant, les nouvelles Lumières d'une pensée intégrale, fondées sur la dynamique d'une évolution culturelle, concrétise et incarne l'héritage abstrait et progressiste des Lumières. C'est parce que cette évolution culturelle est un processus inéluctable que l'introduction en France de la culture intégrale est non seulement souhaitable mais indispensable, et ce, malgré tous les obstacles, les résistances et les malentendus qu'elle ne manquera pas de susciter.


Les animateurs

Les animateurs du Paris Integral Vision/Ken Wilber Meetup Group font partie de ces passeurs entre les cultures aptes à promouvoir le processus d’acculturation dont nous venons de parler.

Animateur du groupe depuis 2005, Brian Van der Horst est américain. Formateur en P.N.L à Paris depuis 1984, il a crée l’institut Repère puis a fondé une école de coaching intégral en 1996. De 2001 à 2003, il a été le coordinateur en Europe pour l’Integral Institute crée par Ken Wilber. Son site est une mine d’informations pour tous les anglophones qui s’intéressent à la théorie intégrale et à ses applications, notamment au monde de l’entreprise. On y trouve de nombreuses présentations Powerpoint en anglais sur Ken Wilber et la vision intégrale ainsi que des vidéos de ses diverses interventions publiques.

Eric Allodi établit des connexions entre les technologies/philosophies les plus en pointe et le monde de l’entreprise où il a occupé les fonctions de top manager. Etudiant depuis onze ans d'Andrew Cohen, penseur américain de l’Eveil Evolutif et ami de Wilber, il a fondé la société Integral Vision dont le but est de rendre les entreprises intégrales en contribuant à élever leur niveau de conscience. On trouve sur le site d’Intégral Vision de nombreuses informations sur la perspective intégrale et sur la façon dont elle peut s'appliquer au monde de l’entreprise. Eric Allodi est également le directeur d'EnlightenNext pour la France qui est notamment l’éditeur du magazine Eveil et Evolution.

Alain Collery est psychothérapeute. Diplômé HEC, il a une expérience de dirigeant d'entreprise et de consultant. Après une psychanalyse, il s'est formé au coaching puis au développement personnel ainsi qu'à différentes thérapies et tout spécialement la sexothérapie. Cette formation pluri-disciplinaire le rend sensible aux démarches intégratives. C'est ainsi qu'il a organisé en2009, dans le cadre de PsY en mouvement, une Université d’été sur les nouvelles approches intégrales pour des psychothérapeutes, des psychologues, des psychiatres et des psychanalystes.


Une communauté intégrale

Le Paris Integral Vision / Ken Wilber Meetup Group se développera au fur et à mesure où les passerelles entre les cultures intégrale et francophones vont se renforcer. Ce que nous essayons de faire pour notre part à travers ce blog. Un tel groupe de travail peut devenir un exemple et un prototype pour la constitution d’autres groupes de ce type fondés sur le principe du Meet Up dans d’autres villes de France.

Avec l’apport d’autres réseaux comme celui de l’Université Intégrale, il deviendra ainsi possible de constituer une véritable communauté intégrale dans l’espace francophone comme il en existe dans bien d’autres pays, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Espagne ou en Italie par exemple.

Une communauté intégrale susceptible de développer sa spécificité en intégrant la tradition française, en l’adaptant au contexte d’une société de l’information mondialisée et en la renouvelant à travers sa participation à une dynamique planétaire de rénovation culturelle.