mardi 15 octobre 2013

Table des Matières (12) Sri Aurobindo


L'Homme est un être de transition. L'évolution continue et il sera dépassé. Sri Aurobindo


Chaque billet du Journal Intégral est la pièce d’un puzzle qui dessine, entre intuitions créatrices et réflexions critiques, la vision intégrale d’un homme réunifié dans un Kosmos réenchanté. Les résumés des articles présentés dans cette Table des Matières permettront aux lecteurs de reconstituer ce puzzle en allant se référer à telle ou telle pièce afin de mieux comprendre et intégrer les autres.


1. Demandez le programme !... 2. Une philosophie du Tout 3. La Petite Princesse 4. Evolutions  5.Evolutions (fin) 6. Post-Matérialisme 7. Penser la nouvelle civilisation 

Table des Matières 2011 



Sri Aurobindo 
Table des Matières (12) du 26/07/11 au 02/09/11 


L’heure n’est plus où l'on peut encore s’identifier à une histoire idéaliste ou à une contre histoire matérialiste de la philosophie. L’idéalisme et le matérialisme apparaissent en fait comme les deux faces à la fois contradictoires et complémentaires d’un même dualisme à quoi la conscience humaine n’est pas réductible

Une conscience éveillée, c'est-à-dire non-duelle, n’oppose pas transcendance et immanence mais perçoit le monde de la manifestation comme l’expression immanente et évolutive d’un Esprit transcendant. Animée par une inspiration poétique, la sagesse la plus profonde interprète la finitude existentielle comme l’épiphanie sensible et créatrice de l’Esprit infini. 

Trop souvent, aujourd’hui, le terme de philosophie désigne, par anti-phrase, l’ennemie désignée de la sagesse, réduite à la figure d’un infantilisme sectaire, et destituée au profit d’une abstraction intellectuelle qui absolutise la rationalité. On pourrait utiliser le terme d’ « asphilosophie » pour désigner cette lente asphyxie de l’intuition créatrice par l’abstraction formelle, menant tout droit à ce formalisme intellectuel qui est la mort même de toute pensée. 



Aphorismes est cette chanson où Georges Moustaki met en musique une partie du poème de Sri Aurobindo intitulé Le But. Avec des mots simples sur une musique méditative, cette chanson exprime l’essence d’une vision évolutionnaire au cœur de la pensée intégrale. Dans cette perspective dynamique, l’être humain évolue du savoir à la connaissance en dépassant la raison, il évolue des velléités au pouvoir en dépassant l’effort, de la jouissance à la béatitude en dépassant le désir, de l’individualisation à la personne réelle en dépassant le moi et de l’humanité à l’Homme en dépassant l’animal. 

Aphorismes est cette porte musicale qui nous permet de retrouver Georges Moustaki et son univers poétique tissé de rêves et de révoltes, d’hédonisme et de sensualité, d’Orient mythique et de Brésil nonchalant. Peu de chanteurs ont réussi comme lui à évoquer ce lâcher prise "oriental" que certains prennent pour de la langueur alors qu’il est surtout un art de vivre et de vibrer qui permet de distinguer l’essentiel de l’accessoire en prenant le Le temps de Vivre, En méditerranée et en se rappelant qu’hier encore, Il y avait un jardin qu’on appelait la terre, trois chansons dont nous proposons une vidéo.

04/08/11. L'Esprit de Vacance


Etymologiquement, la notion de vacance renvoie à celles de vide et de vacuité. La spiritualité orientale notamment le bouddhisme, a fait de la vacuité la condition même de l’éveil de la conscience. Quand, dépassant l'abstraction mentale, la conscience retrouve le vide qui la fonde et la transcende, elle se libère des limites qui sont celles de l’identification aux formes pour s’ouvrir à la plénitude de la vie et de l’esprit. 

L'esprit de vacance se développe ainsi dans une conscience libérée des attractions et des distractions formelles. Le pouvoir de l'attention se retourne vers la puissance libératrice de l'intention créatrice. Cette conversion intérieure naît de la reconnexion intime de la subjectivité à une plénitude à la fois existentielle et essentielle. De cette conversion émerge un nouveau regard qui remet en questions aussi bien notre mode de vie et de pensée habituel que le modèle de société profondément matérialiste dans laquelle nous évoluons. 

Les vacances modernes reproduisent en effet de manière absurde l’idéal productiviste, transformant l’oisif et le paresseux en activiste laborieux du loisir, en bagnard du string, du bob et du beignet, traînant son boulet de bambins piailleurs, en stakhanoviste de la fête et de la partouze, dopé à la chimie, en troupeau d’estivants avachis et hagards, broutant les rayons du soleil, en touriste expert, soucieux de la rentabilité de son temps et de son budget, mesurant ses plaisirs comme un géomètre et les rapportant à leur coût comme un comptable sourcilleux. 


Dans un pays comme la France où règne une pensée abstraite, il est rare de trouver un philosophe qui ose se référer à une pratique et à des enseignements spirituels. Et pourtant l’expérience intérieure et la réflexion conceptuelle, loin d’être étrangères, se nourrissent et s’éclairent l’une, l’autre dans toutes les grandes traditions. En réactualisant cette alliance traditionnelle entre raison et vision, le philosophe Serge Durand, co-auteur du Guide de la spiritualité, offre des éléments de sagesse pour le vingt et unième siècle. Dans ce billet il propose un commentaire éclairant sur le poème Le But de Sri Aurobindo, mis en musique et chanté par Georges Moustaki sous le titre Aphorismes. 

Quand nous avons dépassé les savoirs, Alors nous avons la connaissance. La raison fût une aide, La raison est l'entrave. Sri Aurobindo. Commentaire de Serge Durand : « La raison n'est pas la véritable connaissance qui ne peut être qu'une connaissance par identité, une conscience consciente d'elle-même. Ainsi Cela n'est connu que par Cela. Lorsque Cela est envisagé par la raison, il est représenté par des images mais Cela n'est pas connu. Cela n'est connu que par Cela c'est-à-dire sans médiation. L'ego qui est connu en Cela reste un voile de Cela qui interdit plus ou moins la prise de Conscience de Cela. L'ego induit encore une aventure vers une connaissance de Cela par Cela sans voile. L'ego est mental, vital et physique pour Sri Aurobindo.» 


Avant bien d’autres, Sri Aurobindo a discerné et diagnostiqué la crise du modèle occidental devenue une évidence aujourd'hui à travers ses expressions diverses et variées dans tous les domaines. Cette crise systémique est une crise évolutive ainsi définie : « Actuellement l'humanité traverse, dans son évolution, une crise ou se dissimule pour elle l'obligation d'un choix qui déterminera sa destinée. Nous sommes arrivés en effet à un stade où le mental humain a réalisé, dans certaines directions, un développement immense, alors que dans d'autres il est arrêté, désorienté et ne peut plus trouver sa voie... 

C'est ainsi qu'au lieu d'une société harmonieusement ordonnée, il s'est développé un formidable système organisé de concurrence, un industrialisme forcené et unilatéral, en rapide expansion, et, sous le masque de la démocratie, une tendance croissante vers une ploutocratie qui choque par son ostentation grossière et l'immensité des gouffres et des distances qu'elle crée. Tel est le dernier aboutissement de l'idéal individualiste et de son mécanisme démocratique, et c'est le début de la banqueroute de l'âge rationnel. » 

« … Seule une orientation spirituelle totale donnée à la nature toute entière peut élever l'humanité au-delà d'elle même... Ce qui est nécessaire c'est que quelques individus sentent un tournant dans l'humanité, aient la vision de cette transformation, en éprouvent le besoin impérieux, aient conscience de la possibilité et veuillent la rendre possible en eux-mêmes et en tracer la voie. » 


A l’occasion du centenaire de la naissance de Sri Aurobindo, Satprem a écrit un texte intitulé Sri Aurobindo et l’avenir de la Terre où il résume la perspective évolutive du sage indien pour qui « par-delà l'homme mental que nous sommes, s'ouvre la possibilité d'un autre être qui prendra la tête de l'évolution, comme un jour l'homme a pris la tête de l'évolution parmi les singes. » 

Dans cette conférence, Satprem rend compte de la crise évolutive vécue par l’humanité : « Cet éclatement paroxystique de toutes les vieilles formes, nous le voyons partout autour de nous - nos frontières, nos Églises, nos lois, nos morales s'écroulent de tous les côtés. Et elles ne s'écroulent pas parce que nous sommes méchants, immoraux, irréligieux, ni parce que nous ne sommes pas assez rationnels, pas assez savants, pas assez humains - mais parce que nous en avons fini d'êtres humains ! Fini de la vieille mécanique - parce que nous sommes en transition vers AUTRE CHOSE

Ce n'est pas une crise morale que traverse la terre, c'est une "crise évolutive". Nous ne sommes pas en marche vers un monde meilleur - ni pire -, nous sommes en pleine MUTATION vers un monde radicalement différent, aussi différent que le monde de l'homme pouvait l'être du monde des singes au Tertiaire. Nous entrons dans une nouvelle ère, dans un quinquénaire supramental


Satprem

Plus connu sous le nom de Satprem, Bernard Enginger (1923-2007) est déporté à vingt ans pour faits de résistance au camp de concentration de Mathausen où il passe dix-huit mois. En lui enlevant toutes ses illusions, cette expérience fondatrice le met en présence d’un essentiel qu’il cherchera à vivre et à développer tout au long de sa vie. C’est ainsi qu’à Pondichéry, il rencontre Sri Aurobindo et Mira Alfassa, cette française surnommée Mère qui fut l’âme de l’ashram crée par Sri Aurobindo. C’est en 1957 que Mère lui donne son nom, Satprem qui signifie « celui qui aime vraiment » 

Nous vous proposons d'écouter un entretien entre Satprem et Jacques Chancel qui, au cours des années 70, recevait dans Radioscopie, sa célèbre émission de radio sur France Inter, toutes les grandes personnalités du monde des arts et de la littérature, du spectacle et de la vie publique. 

Dans cette émission enregistrée en 1977, Satprem fait part de son expérience et relate son aventure intérieure. Il parle de Mère, de Sri Aurobindo et d’Auroville. En répondant aux questions de Jacques Chancel, Satprem évoque divers sujets comme l’évolution de la conscience, le rôle complémentaire de l’homme et de la femme, la nécessité de dépasser religions et idéologies pour expérimenter dans son corps la mutation en cours annoncée par Mère et Sri Aurobindo.

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