mardi 9 mars 2010

Incitations (1)


Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. Camus


L’incitation est le langage mystérieux et vibrant de l’Intention. Sous formes d’aphorismes, de maximes ou de fragments, ces incitations sont des citations inspirées à l’auteur par l’esprit du temps pour l’inciter, avec ses lecteurs, à la méditation, à la réflexion... et à l’action. 

Seules les lèvres salées qui ont traversé le désert connaissent les mille et une saveurs sucrées des fruits de l'oasis. 

Ce qui me détourne de l'Esprit, me distrait de ce que je suis en m'éloignant des autres. 

Les sociétés en déclin sont des mondes en italique où celui qui reste droit apparaît comme une exception suspecte à éliminer. 

La vie est cet art divinatoire qui consiste à interpréter l'Esprit à travers une forme.

La bêtise réduit la connaissance à son pré-carré et le bonheur à l’herbe qu’elle broute. 

L'effort est la médiation humaine entre la force de l'esprit et la forme à travers laquelle il se manifeste. 

Œil pour œil 


Chaque humain possède deux yeux : l’introspection et l’observation. Il peut suivre deux voix. Celle, extérieure, du voyeur ou celle, intérieure, du visionnaire. 

Notre civilisation : un progrès matériel qui, par défaut de sensibilité et par défaite de la pensée, remplace tout projet spirituel. 

Quand la vision, créatrice et unificatrice, est absente, ne reste que la division de la rationalité instrumentale. Ivre de son pouvoir, elle se fait tyrannique en se transformant en rationalisme sectaire. 

Les technocrates sont des borgnes devenus les rois d’une société dont un œil est aveuglé par la puissance technologique et l’autre par l’intérêt économique. Mais, en fait, c’est la Nuit qui règne au royaume des aveugles. Les borgnocrates ne sont que ses hommes de paille. Un souffle d’esprit les emporte. Une étincelle suffit à les aveugler. Aucune société n’est fondée sur une machine à calculer. 

Si les Lumières de la raison sont éclairantes, celle du rationalisme sont aveuglantes. En faisant fuir les ombres qui nous hantent, elles nous empêchent de les intégrer. En nous coiffant d'une abstraction, elles nous éloignent d'une communion avec notre essence intime. 

L’Art de la décontraction 


La spiritualité est cet art de la décontraction qui permet de se concentrer sur l’essentiel pour transcender un mental pétri de contractions et de contradictions. 

Ce que les chrétiens appellent le péché ou la chute - et d’autres la déconnexion - n’est rien d’autre que cette crispation du mental qui, en se contractant, coupe la conscience du flux créateur et transcendant de l’Esprit. 

La contradiction est la conséquence logique d'une contraction mentale qui résulte d'une visée instrumentale permettant au corps de s'adapter à son environnement. 

Décontracter le mental pour se connecter à l'Esprit, et la contradiction apparente se dissout pour laisser place à une tension énergétique et créatrice entre deux pôles complémentaires. 

L’identité est une contraction du mental qui s’identifie au temps. Mais la quête crispée de l’identité ne fait que traduire la tension transcendante vers l’identique - le Même - c'est-à-dire l’Esprit, situé hors du temps. 

L’Esprit, ce sans papier, est un SDF : Sans Définition Fixe. L’accueillir met toujours notre identité en danger. En nous déstabilisant, il nous fait évoluer. 

L’identité est cette définition qui, en nous libérant de la multiplicité, nous coupe de l’unité infinie de l’Esprit.

Notre peur de la mort est à la mesure de l’identification à notre corps. 

La mort ? L’âme hors du corps. 

Tout phénomène de transe repose sur un double phénomène d'absorption et d'abstraction. Absorption de l'attention dans un objet. Abstraction du contexte ambiant. L'expérience spirituelle est cette transe inspirée dans laquelle la conscience absorbée par l'Esprit qui la fonde et l'inspire, s'abstrait de son contexte matériel habituel.

2 commentaires:

  1. "L’Esprit est un sans papier. L’accueillir met toujours notre identité en danger. En nous déstabilisant, il nous fait évoluer."
    Salam Olivier.
    En lisant cette phrase, et comme je suis sans papiers (Algérien en Algérie) actuellement, j'ai "vibré" de quelquechose...qui me déstabilise beaucoup, et depuis toujours en vérité.Je me sens de ce qui est exprimé sur votre blog. Merci pour le partage.
    Emalhuob.

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  2. je voulais dire "je me sens PROCHE ..." mais j'ai oublié de l'écrire, tiens donc !
    Sorry !

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