mardi 25 septembre 2012

L’évolution de la conscience


Que dit ta conscience? Tu dois devenir celui que tu es. Nietzsche


Nous présentions dans notre dernier billet, le premier Forum International de l’Evolution de la Conscience qui aura lieu à Paris, le 13 Octobre autour du thème : « L’Evolution de la conscience, clé de notre devenir ».

Pour mieux comprendre ce que signifie l'évolution de la conscience - ses enjeux et ses défis - nous proposons ci-dessous un entretien publié il y a quelques années dans le magazine Nouvelles Clés entre Patrice Van Erseel, le maître de cérémonie de ce forum, et Andrew Cohen, le fondateur d'EnlightenNext, à la fois magazine et organisation internationale à but non lucratif qui est à l'origine de ce forum. 


Le laboratoire évolutionniste

Un dialogue entre Andrew Cohen et Patrice Van Erseel sur l’évolution de la conscience.

Entretien avec Andrew Cohen sur son parcours, sur l’avenir de la spiritualité et sur les raisons qui l’ont décidé à faire de son magazine "What is Enlightenment ?" (devenu depuis EnlightenNext) un laboratoire de futurologie. La barre est d’emblée placée haut : “Au bout de 14 milliards d’années, voilà que l’évolution devient consciente !

Beaucoup de nos lecteurs connaissent Andrew Cohen ou ont entendu parler de lui. Il fait partie de ces guides inclassables que la contre-culture américaine nous envoie parfois, souvent via l’Orient, et qu’un homme comme notre ami Yvan Amar aimait recevoir et faire connaître. Tout comme ce dernier, cet Occidental juif fort peu pratiquant, et même tout à fait incroyant au départ, avait commencé par trouver sa voie après une expérience mystique sauvage qu’il lui a fallu (rapidement) décrypter auprès d’un grand méditant yogique indien.

Mais autant Yvan Amar avait continué à se situer comme disciple de son maître indien, bien après être rentré en France et jusqu’au bout de sa trop courte vie d’enseignant, autant Andrew Cohen, une fois rentré aux États-Unis, a éprouvé le besoin de se libérer de toute allégeance traditionnelle, pour ouvrir sa propre voie d’enseignement. Une voie “évolutionniste”, relevant les défis radicalement neufs auxquels l’humanité se trouve confrontée au XXIe siècle.

Une voie fondée sur une découverte essentielle et très récente, du moins au regard de l’histoire : l’univers évolue depuis quatorze milliards d’années et nous en sommes le dernier fruit connu ; un fruit qui a ceci de très particulier qu’il a pris conscience de sa course incroyable et sait que la suite dépend désormais en grande partie de lui. De son éveil, certes. Mais aussi et surtout de son action, pour se changer lui-même et changer le monde. Or, ici, le bât blesse : “Tout le monde veut être éveillé, dit Cohen avec un sourire en coin, mais personne ne veut réellement changer, là, maintenant, tout de suite.”

Patrice Van Erseel
Nouvelles Clés : Comme beaucoup d’Occidentaux, vous avez commencé par trouver un maître indien qui vous a formé à devenir enseignant vous-même. Mais rentré en Amérique, vous vous êtes détaché de toute tradition. Pourquoi ?

Andrew Cohen : Si je raconte nos quarante dernières années, en caricaturant un peu, je dirais que nous, Occidentaux, avons commencé par lâcher nos propres traditions, avec une vive curiosité pour l’Orient.

Nous avons connu l’éveil oriental et, après l’avoir expérimenté un certain temps auprès de maîtres de là-bas, nous avons rapporté cela chez nous. Ce mouvement avait quelque chose de très humble : enfin des Occidentaux qui reconnaissaient que d’autres étaient éveillés et qu’eux ne l’étaient pas ! Notre gros ego narcissique a été raboté un bon coup. D’autres s’avéraient supérieurs à nous. La post-modernité commence là, dans ce dépassement.

Le problème, c’est que nos maîtres orientaux venaient de contextes culturels pré-modernes. Leurs réponses à nos questions sur les meilleures façons de nous comporter dans la vie ordinaire se sont très souvent avérées inappropriées. Et dans leur propre développement personnel, il nous est aussi apparu que ces gens-là connaissaient certes des états supérieurs de conscience, mais qu’ils se connaissaient parfois mal eux-mêmes, au sens psychologique, émotionnel, etc. Bref, le balancier est reparti dans l’autre sens.

De nouvelles perspectives transpersonnelles ont alors émergé, à partir de ces deux images complémentaires : l’image de l’Occident évolutionniste, métaphore de l’enfant devenant progressivement adulte ; et l’image de l’Orient transcendantal, métaphore de l’adulte sain, partant à la verticale explorer les états supérieurs de conscience.

Mais un nouveau problème a surgi. Ces deux images forment une cartographie magnifique, que l’on pourrait appeler “nouveau paradigme”. Et beaucoup d’entre nous se sont dit qu’ils étaient désormais des mutants, puisque, de stages de développement personnel loquaces en stages de méditations silencieuses, ils avaient l’impression de connaître ce nouveau paradigme par cœur. Ils oubliaient seulement que la carte n’est pas le territoire. Ce n’est pas parce que vous avez goûté à l’idée de changement du bout des lèvres que vous êtes différent !

Beaucoup de gens, même dans nos milieux “éveillés”, sont si pleins d’eux-mêmes qu’ils ne laissent aucune place pour recevoir le grand mystère, que personne ne peut appréhender mentalement. Ils ne se rendent pas compte que changer, c’est tout simplement une question de vie ou de mort : vous ne pouvez espérer le faire qu’en y engageant tout votre être. En tant que post-modernes, notre développement philosophique et spirituel suppose désormais que nous franchissions une étape et trouvions une voie radicalement neuve.

N. C. : Mais les enseignements prémodernes, par exemple ceux des yogis, des moines zen ou des chamans, que vous dites inappropriés à notre vie actuelle, ne finissent-ils pas justement par redevenir pertinents dans nos quêtes de déracinés, après avoir été vilipendés par les modernes des “Lumières” pendant des siècles ?

Andrew Cohen
 A. C. : En partie, oui. Mais pas sur un point essentiel. Pour les traditions pré-modernes, toute la question est d’aider les humains à s’échapper du monde, à se libérer de l’incarnation physique, pour connaître l’au-delà, le nirvana, le paradis. Tel est le but des traditions orientales : transcender la matière et l’humanité, s’arracher au cercle effroyable des réincarnations. Car leur conception du temps est cyclique et la vie une éternelle répétition.

Dans ce contexte, “se réveiller spirituellement” signifie prendre conscience de ce manège cosmique de mort-renaissance-mort- renaissance, comprendre que la “roue du devenir” n’est qu’illusion, réussir à la quitter pour de bon. Il s’agit de vous libérer du cercle vicieux où vous plongent vos désirs et vos peurs, pour découvrir que la vraie ou ultime réalité se tient hors du monde manifesté, dans la Vacuité dont tout émerge, destination idéale de toutes les voies spirituelles prémodernes.

N. C. : La plupart des traditions parlent cependant de “missions” ou de “tâches” à accomplir sur terre, autrement dit d’actions dans le monde manifesté !

A. C. : Leur but est en effet d’inciter les gens à mener des vies vertueuses... mais c’est surtout pour “brûler leur karma” et finalement obtenir la récompense du paradis. Même les religions monothéistes “interventionnistes” partent de l’a priori qu’au-delà du monde, il existe un autre monde, plus essentiel, fait de paix et de bonheur, et dont on ne peut qu’avoir un petit avant-goût en menant une vie de vertu.

N. C. : Comment le post-moderne que vous êtes perçoit-il donc tout cela ? Et d’abord, comment définissez-vous la post-modernité ?

Sri Aurobindo
 A. C. : Notre vision du temps a fondamentalement changé : ce n’est plus une roue cyclique conduisant à un éternel retour, mais une flèche évolutive lancée dans l’inconnu, et cela change tout. Cette vision, c’est incontestablement la modernité qui l’a apportée, pour la première fois, aux humains. Mais il a fallu attendre que cette modernité - matérialiste, antispiritualiste, athée - aboutisse à des impasses majeures pour que survienne la post-modernité et, avec elle, l’idée spirituelle évolutive, dont les grands visionnaires sont notamment Pierre Teilhard de Chardin et Sri Aurobindo.

Pourquoi cette nouvelle vision du temps change- t-elle la donne ? Eh bien, nous commençons tout juste à réaliser que ce que nous appelons évolution ou développement est un processus qui se déroule depuis quatorze milliards d’années et qui a un sens spirituel. Les premières traces de vie sur terre datant d’environ quatre milliards d’années, il en a donc fallu dix milliards pour aboutir à des bactéries - et quatorze pour aboutir à nous (puisqu’à cette échelle l’humanité vient tout juste de naître).

Voilà donc un formidable, un incroyable, un inconcevable processus s’étalant sur l’équivalent de quatorze milliards de fois la révolution terrestre autour du soleil et qui débouche sur quoi ? Sur vous, sur moi, sur l’humanité ! Chacun de nous peut dire en toute légitimité : “Je suis la manifestation d’une dynamique qui a mis quatorze milliards d’années à ME produire !

Nous commençons tout juste à comprendre que le principe créateur qui a poussé l’univers à exister depuis le big-bang - que vous l’appeliez Dieu ou “pulsion-à-devenir-faisant-naître-quelque-chose-de-rien”, peu importe - ne s’est sans doute jamais manifesté de façon aussi consciente qu’à travers nous.

Les animaux, les plantes et même les minéraux ou les étoiles ont peut-être des formes de conscience, mais il semble évident que nous sommes les seuls à être conscients d’être conscients, c’est-à-dire conscients de notre contexte, de nos actions, de nos responsabilités, individuelles et collectives. Nous savons que nous formons un tout non séparé.

D’une certaine façon, il n’est pas déraisonnable de prétendre que nous sommes “un” avec le principe créateur de l’univers - et que c’est par nous que ce Principe prend conscience de lui-même. Je crois que si l’humain n’existait pas, l’univers tel que nous l’appréhendons n’aurait pas la capacité de se connaître lui-même.

Dans cette perspective, naître sous la forme d’un humain incarné, émergence ultra récente dans le temps cosmique, est une nouveauté inouïe et essentielle, qu’il serait fou de vouloir fuir, sous prétexte qu’il s’agirait là d’une illusion temporelle. Prétendre que “s’éveiller” signifie s’arracher d’ici au plus vite apparaît comme du délire.

Nous sommes le résultat incroyable d’un processus de quatorze milliards d’années de montée en conscience et en complexité, et il faudrait n’avoir qu’une idée : vite se désincarner et se fondre à nouveau dans la Vacuité du Non-Manifesté primordial ? Mais ce serait de la folie pure !

C’est ainsi que nous avons été quelques-uns, parmi les Occidentaux initiés à la spiritualité par les traditions orientales, à nous rendre compte que nos excellents maîtres en éveil ne savaient rien de l’évolution. Ils nous ont vraiment appris à connaître les états supérieurs de conscience - là où, en chaque être humain, peuvent se révéler le silence, la paix et l’extase du dépassement de la dualité. Mais la plupart ont continué à prétendre que le devenir était un piège. Alors que pour nous, désormais, le devenir est justement l’endroit où tout se joue !

Dessin de Trémois

N. C. : En fait, ne retrouvez-vous pas tout simplement la tradition juive ou judéo-chrétienne, celle de vos ancêtres ? L’idée d’une humanité “en marche vers un monde meilleur”, qui ne se trouverait pas seulement dans l’au-delà mais déjà sur terre, taraude les cultures bibliques depuis le commencement. Et le mot “hébreu” lui-même, comme le mot “embryon” dit-on, a pour sens premier “celui qui évolue” !

A. C. : Vous avez raison, mais le problème avec la religion juive, comme avec toutes les anciennes traditions, c’est qu’elle charrie des mythes vieux de cinq mille ans, qui rendent très difficile l’adaptation à la post-modernité. Il s’agit à l’origine d’une religion tribale, et cela la marque de manière tragique. Au moindre obstacle, de façon tantôt très subtile tantôt beaucoup moins, elle vous retient en arrière et vous sectarise. Or, à l’heure actuelle, la question est vraiment d’entraîner tout le monde et de ne surtout pas perdre de temps en revenant en arrière.

Cela ne signifie pas qu’il faille négliger et oublier d’intégrer tout ce que les grandes traditions nous ont appris, à commencer par la nécessité de nous libérer des passions et des peurs de l’ego, c’est-à-dire de nous éveiller au Soi authentique qui, dans sa nature profonde, échappe au temps. Mais le Soi ne fuit pas le monde. Il s’y incarne consciemment et joyeusement. Ne faisant qu’un avec l’impulsion du devenir, il cherche à créer, à poursuivre l’intention qui habite l’univers depuis le premier milliardième de seconde.

N. C. : Vous reconnaissez la nécessité de poursuivre l’effort des anciennes religions de dégager notre être profond de tous les pièges de l’ego. Mais quand vous dites : “Un formidable processus de quatorze milliards d’années aboutit à ME produire, MOI”, ne renforcez-vous pas cet ego à une échelle jamais vue ?

A.C : Le risque est à la mesure de l’enjeu ! C’est pourquoi je pense que notre problème n’est plus du tout de nous arracher à la roue des réincarnations, mais à celle du super-narcissisme super-égotique dont notre post-modernité débutante déborde. Si nous disons que le principe créateur divin se manifeste et se révèle à travers nous, donc si nous prétendons être le vecteur que choisit la divinité pour se regarder Elle-Même - donc que nous sommes Dieu ! -, le risque est évidemment grand de voir l’ego tirer la couverture à lui, nous faisant aboutir à un abominable contresens mégalo.

Comment échapper à ça et rejoindre en acteurs adultes le processus évolutif ? La réponse est contenue dans ce que j’aime appeler le “nouvel éveil”, ou “éveil post-moderne”, qui consiste à transcender la roue de l’ego de la même façon que les prémodernes ont eu à transcender la roue du devenir. Les roues sont implacables. Leur échapper est toujours un énorme défi.

Que désirons-nous ? Participer à l’évolution cosmique, avec la vive conscience de qui nous sommes réellement. Qui sommes-nous ? La “cause première” dont parle Jésus quand il dit qu’elle a créé l’univers et qu’elle et l’amour ne font qu’un. Le degré auquel je comprends cette phrase indique le niveau de ma participation à l’évolution de la conscience elle-même.

Ce qui donne le vertige, c’est de découvrir que la conscience cosmique, à son plus haut niveau, ne peut pas évoluer sans les véhicules, ou les structures, que nous sommes. C’est en tout cas ma conviction : la conscience ne peut pas évoluer dans le vide, comme ça, en soi. Elle a besoin de véhicules. Par exemple de nos cerveaux. Mais ceux-ci ne suffisent pas : il leur faut une intention créatrice.

Le plus excitant est que nous nous trouvons actuellement à une époque où la poussée créatrice, qui semble avoir jusqu’ici fonctionné de façon très inconsciente, commence tout doucement à devenir consciente d’elle-même. L’évolution cosmique (qui englobe largement toutes les visions d’un Darwin et de bien d’autres chercheurs) devenant un processus conscient, vous rendez-vous compte de ce que cela signifie ? Tenter de le comprendre et de le mettre en pratique, tel est actuellement l’acte le plus spirituel qui puisse s’imaginer.

Teilhard de Chardin
N. C. : Pourtant, quand on observe les flux qui malaxent l’humanité, on pourrait s’interroger sur le niveau de conscience du processus global. Massacres, fuites éperdues, injustices flagrantes, irresponsabilités gravissimes... Souvent, même quand ce sont des humains qui “décident”, ça ressemble plutôt à des phénomènes reptiliens, ou même volcaniques, avec des pressions considérables. Est-ce un hasard si Teilhard, que vous citez souvent, a eu ses premières visions du “flux évolutif” humain alors qu’il se trouvait dans les tranchées de 14-18 ?

A. C. : Il n’y a jamais d’évolution sans stress : c’est ce qu’affirme la biologiste Elisabeth Sahtouris, qui fait partie des chercheurs avec qui notre réseau et notre magazine What Is Enlightenment ? travaillent. Je ne suis pas spécialiste en évolutionnisme biologique et je fais confiance à Elisabeth. Par contre, je connais bien les psychés humaines, et je peux vous dire que 99,9 % d’entre elles fonctionnent ainsi : sans pression impérieuse, pas d’évolution.

Nous prétendons tous vouloir changer. L’éveil spirituel serait notre désir le plus cher. Mais en réalité, nous choisissons presque toujours le chemin de moindre résistance. Aujourd’hui, après trente-trois ans de quête, je peux le dire : la plupart d’entre nous ne sont pas du tout intéressés par le changement - ni horizontal ni vertical. Ce que nous cherchons à acheter sur le marché spirituel contemporain, c’est à nous “sentir mieux”. Le confort, physique, émotionnel, philosophique, spirituel, voilà ce qui nous intéresse.

Mais une authentique évolution du Soi en nous, non. Ça demande un trop gros engagement et un véritable appel intérieur, un énorme désir de précipiter l’avenir, là, tout de suite, sans attendre on ne sait quoi. Vous avez donc raison, hélas : à de rares exceptions près, le changement évolutif ne s’effectue pas du fait d’une volonté, mais sous la pression d’un gigantesque stress. L’inconnu nous fait tellement peur...

Or, c’est dommage. Parce que le vrai changement n’a besoin d’aucune énormité ni solennité. Il peut s’effectuer à tout instant et à chaque coin de rue. D’autre part, la majorité des humains sont curieux et intéressés a priori par la nouveauté. Mais dès que ça les touche émotionnellement, ou dès que ça remet en cause leurs croyances de base, ils préfèrent s’enfuir et rechercher l’homéostasie, l’équilibre, en trouvant refuge dans ce qui existe déjà et qui les rassure. C’est donc ainsi : l’évolution, qu’elle soit physique ou spirituelle, ne peut s’effectuer sans une “tension évolutionnaire” à l’intérieur de l’être.

Dessin de Serge Durand - Blog Foudre évolutive
 N. C. : Cette tension vers demain ne nous fait-elle pas rater l’essentiel, dont beaucoup de sages disent qu’il se joue paisiblement dans l’instant présent ?

A. C. : Les deux sont nécessaires. Prenez n’importe quel artiste en train de créer : il est à la fois totalement dans le présent et tout entier tendu vers l’avenir. Voilà l’ubiquité que nous devons cultiver, pas seulement dans les arts, mais dans la vie elle-même, c’est-à-dire dans notre spiritualité, au sens le plus vivant du terme. Il s’agit pour chacun, non pas forcément de devenir un grand innovateur, mais d’inscrire l’œuvre qu’est son existence à l’intérieur de la vaste fresque de l’évolution collective. Là, chacun a sa place. Voyez-vous, je crois que l’éveil des humains au processus de l’évolution va devenir la religion de demain. Il est grand temps ! Car nous avons tout relativisé et sommes en train d’en dépérir.

Depuis l’avènement de la post-modernité dans les années 60, beaucoup d’entre nous ont jeté les traditions par-dessus bord, avec tout leur corpus philosophique, moral, éthique. Désormais, chacun décide de sa propre conduite et le super-narcissime a libre cours... Mais ça ne fonctionne pas, ou de plus en plus mal. Certes, nous avions besoin de nous libérer des vieilles formes, qui nous retenaient en arrière alors que nos conditions de vie avaient changé.

Mais quarante ans plus tard, nous nous retrouvons en pleine dérive, dans le brouillard relativiste où tout se vaut - redécouvrant l’évidence : nous ne pouvons pas faire n’importe quoi. En nous débarrassant des formes désuètes des “anciens régimes”, nous avons aussi éliminé la prise en compte des bases mêmes de la morale humaine.

Or, nous avons désespérément besoin d’un cadre philosophique, moral, éthique. La réaction de beaucoup de gens, face à ce vide, est très naturellement réactionnaire : ils veulent revenir en arrière, retrouver les bases morales du judaïsme, du bouddhisme, du christianisme, de l’islam, etc. C’est compréhensible, mais ça va juste dans le sens contraire de l’évolution !

Personnellement, je sens que la redécouverte de notre cadre philosophique et moral va précisément nous venir de l’éveil à la dimension évolutive du réel. Quand des personnes raisonnables prennent conscience du processus majeur dans lequel nous sommes inscrits, qui va de la géosphère à la noosphère, en passant par la biosphère et la technosphère, elles voient immédiatement émerger les obligations morales qui accompagnent et autorisent la poursuite de ce processus.

La suite de l’évolution dépend de nous ! De notre capacité à nous interroger sur qui nous sommes, sur ce que nous faisons, sur nos raisons de le faire. De notre capacité, en fin de compte, à accepter tout cela et à répondre “Oui” à l’appel.

Andrew Cohen et Ken Wilber : le Sage et l'Erudit
Ressources

- A lire ici dans Clés : Le Laboratoire évolutionniste.

- Le dernier livre d’Andrew Cohen « Evolutionary Enlightenment: A New Path to Spiritual Awakening»  (L’Eveil Evolutionnaire : une nouvelle voie vers l’éveil spirituel) a été publié à l’automne 2011 aux Etats-Unis et sortira en français en octobre 2012.

- A lire dans le Journal Intégral, une série de billets intitulée Le Sage et l’EruditAndrew Cohen et Ken Wilber dialoguent en abordant de nombreux thèmes concernant la spiritualité, la culture et la société.

- Dans le numéro d'Août/Septembre de Clés, un portait d’Andrew Cohen : Mêler sagesse orientale et science occidentale.

- Dans Clés, Patrice Van Erseel fait la recension du livre d’Andrew Cohen : Vivre l’éveil.

- Pour suivre l’actualité des enseignements d’Andrew Cohen : EnlightenNext.france

- Pour plus d’informations concernant l’enseignement d’Andrew Cohen : andrewcohen.org/fr

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