vendredi 8 février 2013

Table des matières (10) Une Nouvelle Culture Politique


Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve. Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité. Friedensreich Hundertwasser


Chaque billet du Journal Intégral est la pièce d’un puzzle qui dessine, entre intuitions créatrices et réflexions critiques, la vision intégrale d’un homme réunifié dans un monde réenchanté. Les résumés des articles présentés dans cette Table des Matières permettront aux lecteurs de reconstituer ce puzzle en allant se référer à telle ou telle pièce afin de mieux comprendre et intégrer toutes les autres.


1 - Demandez le programme !... 2 - Une philosophie du Tout. 3 - La Petite Princesse. 4 - Evolutions. 5 - Evolutions (fin). 6 - Post-Matérialisme. 7 - Penser la nouvelle civilisation

Table des Matières 2011



Une Nouvelle Culture Politique
Table des Matières (10) du 9/02/11 au 9/03/2011

19/03/11. Penser la Catastrophe

Où, dans le contexte de la catastrophe de Fukushima, nous voyons comment, dès les années 50, en affirmant l’urgence d'un changement de niveau de conscience pour se libérer de l’emprise exercée par la techno-science sur la société, Einstein avait anticipé la dynamique de l'évolution culturelle en posant les bases d'un nouveau mode de pensée, qualifié aujourd'hui d'intégral. Il n'était pas seulement un savant génial, c'était aussi un penseur visionnaire qui réfléchissait à ce qui était pour lui un grand sujet d'inquiétude : l'évolution de la science et de la technique.

Selon lui "le progrès technique est comme une hache qu’on aurait mise dans les mains d’un psychopathe". C’est pourquoi le danger représenté par une science sans conscience nécessite l'émergence d'une autre forme de pensée : " Il devient indispensable que l'humanité formule un nouveau mode de pensée si elle veut survivre et atteindre un plan plus élevé ". Cette pensée novatrice nécessite de changer de niveau de conscience car "aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l'a engendré."


Le 8 Avril 2011 a eu lieu à Paris, une rencontre entre deux figures de la "culture intégrale", Ervin Laszlo, créateur du Club de Budapest et Andrew Cohen, initiateur d'une nouvelle forme - évolutive - de spiritualité. Ces deux penseurs évolutionnaires et visionnaires débattront autour des questions suivantes : "Comment faire évoluer la conscience humaine pour créer un nouveau monde ? Quels sont les modes de pensée et les outils différents qui peuvent accélérer son émergence ?"

Né en 1932 à Budapest en Hongrie, Ervin Laszlo est un philosophe des sciences, théoricien des systèmes, qui a publié plus de soixante dix livres dont le dernier est Science et champ akashique : une théorie intégrale du tout. Il fonde en 1993 le Club de Budapest à partir du constat que les défis gigantesques du vingt et unième siècle ne peuvent être relevés que par le développement d’une conscience culturelle globale. C’est à l'initiative du Club de Budapest en France qu'est crée à Paris l’Université Intégrale en Février 2008.

Né en 1955 à New York, Andrew Cohen est un enseignant spirituel américain qui transmet la vision originale de « l'Eveil évolutionnaire », un éveil spirituel qui, au 21ème siècle, s’effectue dans le contexte d’une évolution cosmique de quatorze milliards d'années. Andrew Cohen est le créateur de EnlightenNext, à la fois magazine et organisation internationale à l'origine, entre autre du premier Forum de l'évolution de la conscience qui a eu lieu à Paris en Octobre 2012. .


L’actualité du Printemps Arabe est l’occasion de s’interroger sur le mouvement de l’histoire et sur la façon dont ce mouvement se manifeste à travers un « évènement » singulier. En tant que dynamique évolutive, le mouvement de l'histoire est création de l'homme par l'homme, animée par le souffle d'un idéal qui l'inspire. Et c'est pourquoi Hegel disait du mouvement de l'histoire qu'il était manifestation de l'Esprit.

Dans cette perspective, l’actualité est une chose bien trop sérieuse pour être confiée aux médias qui la transforme en spectacle en lui faisant perdre son sens véritable qui est symbolique. Car l’évènement - cette forme temporelle - est avènement symbolique de l’Esprit, actualisant ainsi dans le temps sa puissance infinie. L'actualité est toujours actualisation du potentiel créateur de l'esprit.



Dans ce billet, nous faisions part d’une série de rencontres et d’évènements organisés ce printemps-là sur le thème de la refondation du lien social autour d’une vision éthique, culturelle, spirituelle. Intitulé Le Printemps du Nouveau Monde, ce billet s’est avéré visionnaire un mois avant le début du mouvement des Indignés, le 15 Mai, à Madrid qui initiait un vaste courant planétaire de contestation et de résistance citoyenne touchant notamment la Grèce, l'Italie, le Chili, Israël puis New York, avec le mouvement Occupy Wall Street. Le 15 Octobre, dans plus de 860 villes de 78 pays, des citoyens répondaient à l'appel des "indignés" espagnols à manifester, pacifiquement, avec pour mot d’ordre : "United for a Global Change" ("Tous ensemble pour un changement global").

Un mois avant que ne commence ce mouvement international, nous écrivions ceci : " C'est le printemps !... Une saison durant laquelle auront lieu, telle une floraison inespérée, une série d’évènements et de rencontres qui, toutes, visent à une refondation du lien social sur la base d’une vision à la fois éthique, culturelle, spirituelle. Regardez, écoutez, sentez : dans le mystère des aurores, un nouveau monde est en train d’éclore... Un regard superficiel verrait dans cette efflorescence printanière un pur hasard ou une simple coïncidence. Un regard plus profond percevrait cette synchronicité comme l’expression systémique d’un nouvel air du temps qui pourrait s’exprimer de la manière suivante : on ne pourra remettre l’homme au cœur de nos sociétés défigurées par l’individualisme et l’utilitarisme, le machinisme et le productivisme, sans retrouver au cœur de notre humanité les dimensions fondamentales du sens, de l’éthique et de la solidarité. »


Dans ce billet, nous proposions une présentation succincte des évènements et de rencontres organisés ce printemps-là sur le thème de la refondation du lien social autour d’une vision éthique, culturelle, spirituelle. Nous écrivions ceci : « La même sève créatrice s’exprime à travers la diversité de ces initiatives printanières : autant de notes singulières de ce nouvel air du temps dont les acteurs de l’évolution sont les interprètes. Selon Nietzsche : " Ce sont les paroles les moins tapageuses qui suscitent la tempête et les pensées qui mènent le monde arrivent sur des ailes de colombes ". Ouvrons les yeux et les cœurs, tendons nos oreilles et nos antennes intuitives pour être à l’écoute de ce nouvel « air du temps » qui enchante le printemps.

Pendant que les médias occupe les esprits et les distrait de l'essentiel en surfant de manière sensationnelle et émotionnelle à la surface des évènements, un nouveau monde est en train de s'esquisser, de manière discrète, presque secrète. Ce monde ressemble à notre futur si nous avons la force, l’inspiration et le courage de l’imaginer ensemble sans céder aux sirènes morbides de la haine et du désespoir ». Ce texte est bien sûr à mettre en relation avec le vaste courant planétaire de contestation et de résistance citoyenne qui démarrait un mois plus tard avec le mouvement des Indignés espagnols.


Ken Wilber

Le Samedi 7 Mai 2011 a eu lieu à Berne, en Suisse, la création officielle du premier parti intégral : « Politique Intégrale Suisse ». A cette occasion, Ken Wilber s’est entretenu avec Kilian Raetzo au sujet de la nouvelle culture politique inspirée par l’approche intégrale et sur le rôle d’un parti dédié à celle-ci. Après une rapide introduction qui permet de contextualiser les propos de Wilber, nous proposons la lecture de cet entretien où ce dernier aborde de nombreux sujets comme la révolution intégrale à venir, les rapports entre spiritualité et religion ainsi que le rôle d’un parti politique comme vecteur de l'évolution culturelle.

Ken Wilber : «  Nous allons au-devant d’un point de basculement. Quand le noyau leader de l’évolution a atteint 10% de la population, il y a un point de basculement. Au moment où 10% de la population avait atteint le niveau de développement "orange" ou moderne, il y a eu la révolution française, la fin de l’esclavage, la constitution américaine, la démocratie… Toute la culture a été entraînée à accepter ces valeurs, à s’arranger de ces valeurs, même si seulement 10 à 20 % de la population se trouvaient à ce niveau de développement. Nous pouvons aussi nous réjouir de ce que le “deuxième niveau“ atteigne bientôt 10%. Quand ce point de basculement intégral se produira, les valeurs intégrales changeront notre culture. Comme ça s’est passé sur les plans rationnel et postmoderne, il y aura une “révolution intégrale“ ».


L’exemple de Politique Intégrale Suisse permet de mieux comprendre comment un parti politique peut traduire ce nouveau stade de l’évolution culturelle qu’est la « vision intégrale » à travers de nouvelles formes d’organisation sociale. «  Politique Intégrale est une partie d’un large mouvement intégral, une vague philosophico-historique qui représente une nouvelle forme de conscience. P.I est son bras ou son aspect politique. L’époque mentale-rationnelle qui s’imposa vers la fin du Moyen-Âge amena la démocratie et avec elle, les partis politiques traditionnels. Le mode de pensée pluraliste-holistique qui s’épanouit dans les années soixante, donna naissance aux mouvements écologistes, pacifistes et tiers-mondistes (mai 68, flower-power, les verts). La conscience intégrale a maintenant besoin d’un bras politique intégral.

P.I se différencie, entre autres, des positions gauche-droite traditionnelles parce qu’il ne vise pas à avoir raison en cherchant à imposer une position ou une perspective particulière qui serait seule valable, mais à chercher une vision la plus inclusive possible des choses. Cela exige authenticité et empathie. La question n’est pas: qui a raison ? Mais: que devons-nous prendre en considération pour trouver des solutions intégrales, autrement dit qui tiennent compte de tous les aspects des problèmes à résoudre, le plus souvent fort complexes. »


Dans une modernité encore régie par les principes technocratiques d’objectivation et d’abstraction, l’originalité d’une politique intégrale est de prendre en compte l’intersubjectivité à partir de laquelle se constituent la culture d’un peuple et l’identité de ses membres. Toute société n’est-elle pas, en fin de compte, l’expression d’un consensus culturel permettant aux individus d’interpréter et de partager leurs expériences en référence à une même « vision du monde ».

Dans la perspective « développementale» qui est celle du paradigme intégral, l’évolution culturelle est faite d’une série de stades évolutifs traversés par l’humanité au cours de sa longue histoire. Les évolutions cognitives et épistémologiques déterminent la transformation des médiations culturelles et de l’organisation sociale qui vont à leur tour rétroagir sur les premières en les modifiant. La politique intégrale met donc la culture au cœur du débat politique, l’épistémologie au cœur du débat culturel et l’évolution cognitive au cœur du débat épistémologique. A chaque stade évolutif correspond effectivement une nouvelle manière de voir le monde qui fait écho au développement des facultés cognitives et morales.


Ce billet est l’occasion de proposer divers réflexions issues de l’expérience des animateurs du Parti Intégral. Ils ont pour thème l’intelligence du cœur, la logique intégrative, et le nouvel imaginaire politique. Pour Gary Zemp, co-président de Politique Intégrale, la logique intégrative qui fonde l’intelligence du cœur va profondément transformer l’approche que nous avons du champ politique : « L’apparition de la conscience intégrale dans le discours social et politique va modifier la signification de nombreuses notions. Il est également certain que la conscience intégrale nous aidera à manier les paradoxes qui ne peuvent être compris par les seules compréhensions et raisons, c’est à dire avec une solution « ou bien – ou bien ». Le paradoxe ne peut se percevoir que si nous autorisons une approche de solution « et – et ».

Un parti intégral représente ce paradoxe, puisque les partis existants se profilent d’autant plus puissamment qu’ils imposent leurs idées en excluant celles des autres, et qu’ils coupent leurs membres des gens ayant d’autres opinions. Un parti intégral sera au contraire très ouvert et inclura les idées des autres. Il essaiera d’intégrer dans ses réflexions toutes les perspectives possibles à prendre en compte et tous les humains, êtres vivants, la Terre et toute la création. Il partira du principe que tout est lié au tout, et ne créera donc pas ses visions et ses projets depuis la tête, mais principalement depuis l’intelligence du cœur. »



Le Mardi 24 Mai 2011 a eu lieu à Paris  la douzième journée de l’Université Intégrale autour du thème Société et Politiques Intégrales. Cette journée a été présentée à travers un texte synthétique où sont résumés les enjeux d’une véritable politique de civilisation. En voici un extrait : «  Les forces politiques qu'elles soient de droite, de gauche ou même écologiques sont restées dans une grande mesure enfermées dans une vision réductionniste, scientiste et mécaniste. Cependant la crise actuelle remet en cause ces bases même de notre pensée. Einstein explique très bien cette problématique lorsqu'il souligne qu'on ne peut résoudre un problème à l'intérieur même du système de pensée qui l'a produit.

La crise systémique sociétale que nous traversons est structurelle. Aucune des traditionnelles « recettes politiques » que nous connaissons déjà (libéralisation des marchés, redistribution sociale, préservation marginale de la nature) ne peuvent répondre à l'ampleur de la problématique. Nous avons besoin d'une nouvelle épistémologie, basée sur les recherches transdisciplinaires les plus avancées en philosophie, sciences économiques, sociales et technologiques, à partir de l'approche systémique, holistique et intégrale.

Nous pouvons imaginer un nouveau système économique, social et écologique qui articule le long moyen et court terme de manière vertueuse ; un espace cognitif où science, art et spiritualité aient leur place dans une véritable culture laïque et intégrale du développement humain. Tel est le projet d'une véritable politique de civilisation.»


Ce billet est la suite du précédent où nous présentions la douzième journée de l'Université Intégrale organisée le Mardi 24 Mai à Paris sur le thème « Société et Politiques Intégrales ». Après avoir, dans le précédent billet, exposé le contexte dans lequel s'inscrit cette réflexion collective, nous proposions le programme de la journée et la présentation des intervenants.

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